David Ayer entraîne ses personnages, son polar, à posteriori peu convaincants, dans une spirale de violence et de grossièretés sans limite. Metteur en scène et scénariste maintenant reconnu, suite aux succès de Training Day ou encore du plus récent End of Watch, Ayer, spécialisé jusqu’alors dans les films policiers dont le cadre était les bas-fonds de Los Angeles, change quelque peu de cap pour offrir au public un véritable film d’action, maquillé en polar. C’est bien de ça dont il s’agit. Atlanta comme nouveau théâtre des opérations, la DEA comme nouvelle institution et surtout l’ex-gouverneur Arnold Schwarzenegger en bête de foire. Le réalisateur change donc un peu sa donne, à notre plus grand enthousiasme. C’était sans compter sur le fait que rien ne suit les bonnes volontés du cinéaste, lamentablement entraîner ici dans la surenchère, la médiocrité d’un scénario retravaillé en vue d’un montage final d’une rare insipidité.
Pire encore, l’essai de David Ayer prend carrément des allures de mauvais élève, toutes catégories confondues, lorsque par-dessus le marché, l’on constate que sa mise en scène n’est pas digne du cinéma mais d’avantage assimilable à celle d’un reportage de choc en mode reconstitution. Rien n’est en somme crédible ici, pas d’avantage que ne l’est un Schwarzenegger affublé d’un rôle se voulant plus dramatique qu’à l’accoutumée. Si l’effort consentis à l’omniprésence d’un certaine dose de gore, le film est sanguinolent, voir choquant, n’est en somme pas une mauvaise chose, question de cibler une certaine part du public, l’effet tombe à l’eau tant les amenées sont improbables, téléphonées, je pense là notamment à la suite de la collision de train, là où l’on dénombre d’improbables restes humaines histoire d’en mettre plein les mirettes et les estomacs. Les morts s’enchaînent et, peu à peu, le scénario prend des airs grand-guignolesques en dépit des airs sérieux des protagonistes.
Si le grand Arnold n’est pas le pire parmi ses congénères, acteurs recrutés principalement pour leur physique, la palme du mauvais goût revient indéniablement à la femme du groupe, incarné avec un non-sens certain par Mireille Enos. Sam Worthington, lui, malgré ses aires de gangster latino, apparaît comme étant foncièrement le seul personnage viable dans tout ce fourbi rouge sang. On ne laisse malheureusement que peu de place au comédien pour s’exprimer face à la médiocrité de quelques-uns de ses compères. Etonnant que ce Sabotage, film finalement très inattendu tant il est mauvais et complétement inutile dans une filmographie, notamment dans celle de David Ayer. Pour tout dire, j’ai été, comme bon nombre, attiré par une bande annonce efficace qui elle, ne laissait pas entrevoir toutes les faiblesses du film, heureusement pas trop long dans sa version cinéma. Ayer annonce une version longue qui ne fait dès lors pas du tout envie.
Assorti qui plus est d’un final d’un ridicule encore plus surprenant que le coupe de cheveux de l’ex-gouverneur de Californie, Sabotage, portent bien son nom, pourrait bien mettre un sacré coup dans l’estomac de David Ayer, metteur en scène destiné à une très belle carrière hollywoodienne. Espérons qu’il ne s’agisse là au final que d’une erreur de parcours, certes grotesque mais pardonnable. Le réalisateur aura bel et bien l’occasion de se faire pardonner ce film violent et grossier, sans justes motifs, aux côtés de Brad Pitt dans le prochain Fury, œuvre au potentiel indéniable. Allez, soyons sympa et soulignons par terminer que les véritables amateurs de film d’action, ce que je fusse un temps, quand ce type de film avait une âme, les années 80-90, trouverons tout de même ici de quoi se ronger leurs petits os. Ringard à bien des égards, Sabotage permettra au moins à certains de se remémorer une légende musclée dans ses belles années et fera souffler une légère brise de nostalgie. 03/20