Je n'ai jamais compris, et je ne comprends toujours pas pourquoi ce métrage ci s'est à ce point fait basher. A une époque, il semblait être la cible à abattre, le film à démolir : tout le monde s'y mettait, et sa note baissait au fur et à mesure que le temps passait. Sauf que "Sabotage" n'est pas un mauvais film. Non, ce n'est juste pas le produit que les mecs nous vendaient. Schwarzenegger oblige, tout le monde, ou presque, s'attendait à quelque chose de bourrin et de purement explosif. Sauf que Schwarzy ne reste jamais dans la même cour : il aime changer, et nous le fait comprendre. "Sabotage" n'est donc pas un film commun. Réalisé par David Ayer, célèbre pour son approche réaliste du genre, il avait toutes les cartes en mains pour réussir son coup. Et tant mieux, parce qu'il l'a fait. Concrètement, le niveau est très bon. Vraiment, c'est surprenant. En fait, au départ, j'étais quelque peu déçu pour la raison évoquée plus haut : je m'attendais à quelque chose de vraiment différent, bon sang ! Sauf que j'adore Schwazy. J'ai donc pris la peine, même si l'on ne peut guère parler de peine, de le revisionner. Et j'ai bien fait. Le résultat, bon et déroutant, s'avère efficace et percutant. Toutes les qualités d'un bon thriller d'action, quoi ! Car David Ayer sait parfaitement comment bien mettre en évidence ses acteurs, son histoire et le spectaculaire même de son intrigue. Même s'il est tout de même jeune, il fait preuve d'une certaine expérience très appréciable, et d'un esprit old school presque indéniable. C'est comme s'il nous renvoyait vingt ans en arrière; je n'étais certes pas né, mais ayant grandi avec ce genre de films ( dure enfance, pensez-vous? pas du tout ), je pense pouvoir m'avancer sur cet argument, sachant que ce que cela fait que de se montrer nostalgique des bons vieux métrages d'action des années 80-90. Déja, les impacts de balle ne sont pas faits à l'ordinateur : c'est du trucage, du vrai. C'est un détail, certes, mais c'est un détail qui fait foutrement plaisir. Parce que les fusillades, réalistes au plus haut degrès, sont terriblement efficaces : tournées de la meilleure des manières, on s'y croirait. Vraiment, je m'y croyais. Elles redoublent souvent d'inventivité au niveau de la mise en scène, bourrée d'effets de style originaux et réfléchis : la scène dans les bois, par exemple, n'est que pur régal. Ensuite, le métrage est clairement porté par un scénario bien rédigé. Car contrairement à ce que l'on pourrait penser aux premiers abords, non, ce n'est pas que bourrin. Loin de moi l'idée de vous faire circuler celle prétendant que le film n'est en rien primaire : il l'est clairement, et c'est tant mieux comme cela. Le métrage est ainsi équilibré entre une certaine réflexion, et un aspect bourrin heureusement assumé. Certes, cela lui confère un certain côté "bâtard", le genre qui fait que l'on se demande la réelle nature du film, mais j'ai justement bien apprécié cet aspect tantôt sophistiqué, tantôt lourd. Attention, ce n'est jamais lourdingue; nuance. Le scénario, retors et bourré d'imagination, s'avère terriblement triste et pessimiste, à la limite du glauque et du sadisme. Pétri d'une infinie tristesse, il surprendra d'autant plus que son héros ne nous avait guère habitué à pareilles oeuvres. Et c'est justement là que l'on comprend que Schwarzy est particulièrement bon : même s'il n'est clairement pas le meilleur aceur de sa génération, il sait choisir ses rôles et, surtout, joue parfatement ave cson âge. Il est évident qu'il n'a pas honte de vieillir; mieux même, il revendique son âge, et s'en moque. Il se tourne donc vers l'autodérision ( précisément depuis "Expendables 2" ), et fait de son évidente vieillesse un argument marketing. Il sait donc se vendre, et nous vent une bonne prestation dans ce métrage ci. Le reste du casting est également convaincant. On a surtout droit à des instants de grand jeu d'acteur ( des mecs qui insultent des femmes, boivent des bières et débitent des dialogues philosophiques sur fond de musique blues ), et à un Sam Worthington qui passe son temps à gueuler. Oui, c'est original. Et non, je ne suis pas sérieux. En même temps, c'était un peu forcé. Seulement, je tiens à préciser que le gros balèse du truc, le gars avec la tresse en arrière et les bras de bodybuilder du dimanche, lui, il a un bêtede charisme. Et pour le coup, je dois bien dire que je suis impressionné par sa prestation. Il n'est certes pas très fin ( qui l'est, dans ce film? ), mais comme son charisme vient remplacer ses erreurs de jeu, et que le but n'est pas de se montrer fin, cela ne pose guère de problème. Les dialogues suscités ne sont à l'évidence guère élégants : c'est lourd, con et bourrin. Faut pas s'attendre à du Kant ou du Zola. Non, là c'est de la réplique de bonhomme, du dialogue de mâle testostéroné et vénère. Les mecs, faut pas les chercher, sinon, ils te font bouffer leurs mots. Tu saisis le niveau, un peu? Les rapports des personnages sont, bien évidemment, du même niveau : primaires, bêtes et comiques. Mais justement, c'est aussi cela qui confère cette âme que le film arbore fièrement : lui peut, au moins, se targuer d'être fait dans la tradition. En gros, c'est un bon film d'action à l'ancienne, le genre suffisament viscéral et marquant pour plaire aux passionnés. Il est vrai qu'il ne faudra pas s'attendre à du Proust ou du Shakespeare, à du Tarantino ou du Cronenberg; ce n'est certes pas du grand cinéma; ce n'est pas du cinéma d'auteur roumain qui passe dans un cinéma d'art et d'essai. Non, c'est du cinéma bourrin loin d'être commercial, et c'est, surtout, du bon cinéma bourrin comme il en faut pour, de temps en temps, évacuer sa haine sur des méchants stupides et voir, une nouvelle fois, Schwarzy s'éclater comme un fou dans un rôle qui lui va si bien ...