Il est assez amusant de constater que pour chaque film de David Ayer, la promotion qui y est faite tourne toujours autour de l'action alors qu'en réalité tout ses films sont des thrillers. Des thrillers vachement bien écrit (par David Ayer qui endosse également la casquette de scénariste) si l'on excepte SWAT (quelle m*rde ce film !), son envie de retranscrire l'environnement de la rue et des bas quartiers de Los Angeles, amorcée par Training Day en 2001 (où il était juste scénariste) et suivi par Bad Times et End of Watch l'a placé comme une valeur sur dans son domaine (polar ultra-réaliste et nerveux se déroulant dans les bas fonds de L.A.).
Alors comment expliquer son P*TAIN de foirage avec Sabotage ? Comment ce truc a pu voir le jour sans qu'Ayer se dise "ah mais attendez, c'est de la merde ce j'ai fait là" ?
Car honnêtement, en voyant Sabotage, on se met à douter que ce scénario soit de lui.
Au milieu d'une histoire inexistante et inintéressante s'accumule les clichés les plus agaçants pour un thriller avec des punchlines inutiles, tantôt drôles par leurs médiocrités, tantôt tristes quand l'on sait de quoi Ayer est capable. Ce n'est pas tant le sujet favori d'apparemment tout les flics de ce film (le sexe) qui soit gênant mais plutôt de la manière dont cela soit toujours remis sur la tapis à chaque vanne prononcée, qui tombe à l'eau qui plus est. Quant aux pseudo-rebondissements (facile de caser des twists quand on part de rien), il ne rehausse pas l'intérêt pour le film, celui de The Raid était bien plus efficace par exemple, c'est dire...
Mais finalement le gros point noir de ce film est de ne pas savoir sur quel pied danser, thriller violent ou gros film de mecs fan des navets de Schwarzy des années 80 ? Après une bonne heure de cocktail amer d'humour gras et de thriller violent, le film commence enfin à trouver sa voie, son rythme, en mettant fin à la déconne pour plus de sérieux... jusqu'au final, grotesque où l'histoire, déjà bien enterrée par son lot de conneries et de clichés, continue de s'enfoncer en se transformant en revenge movie avec un Schwarzy au sommet de son art, aussi charismatique et attachant qu'un burrito périmé. Cela mettant ainsi fin à nos espoirs de ne pas voir un énième film autour du personnage de l'ex gouverneur de la Californie mais plutôt un film d'équipe AVEC un esprit d'équipe qui se briserait peu à peu instaurant une grosse tension.
Mais est ce Ayer qui serait responsable de ce torchon ? Si il a bien sur sa part de responsabilité, il est évident que l'on se trouve très loin d'un bon Training Day ou End of Watch. Alors ne serait-ce pas plutôt la faute du co-scénariste Skip Woods ? Le mec qui a écrit l'histoire de G.I. et X-Men Origins... à partir de là tout est dit.
Même le casting, pourtant excellent, n'y peut rien et contribue même à ce massacre (sabotage ?) avec un mauvais Schwarzy, Terrence Howard, Olivia Williams et Mireille Enos (à moins que ce soit la vf qui soit très mauvaise). Ca fait tout de même plaisir de revoir Sam Worthington qui doit être le seul à faire son taf' plus que correctement et Joe Manganiello, ultra-badass avec ses tresses et sa carrure impressionnante (cela dit, ça n'est pas gage de qualité, n'est ce pas papy Schwarzy ?).
La mise en scène ne vaut pas grand-chose également, Ayer devait sûrement être un peu ailleurs (Ayer – ailleurs... oui je sais c'est naze) pendant le tournage. La spécialité du bonhomme, c'est de filmer ses long-métrages avec un aspect documentaire, avec shaky cam et caméra embarquée, parfois même sur des armes à feu (un plan ici), un soucis d'extrême réalisme (qui sied parfaitement à son style d'écriture) ici troqué par un manque d'inspirations avec quelques jolis cadrages hasardeux et plans « kezako ? », les scènes d'actions restent à peu près énergiques mais elles sont beaucoup trop courtes et pas assez nombreuses.
On est vraiment très loin de ce que l'on pouvait attendre.
Une énorme déception donc, la deuxième vraiment grosse après celle de Monuments Men.
Le premier ratage pour David Ayer, qui j'espère se rattrapera avec son prochain film, Fury (en espérant que celui-ci ne me mette pas en colère).