Je n'ai pas lu le Pullitzer ni vu la pièce de Tracy Letts dont le film a été adapté. Ceux pour qui c'est le cas auront sans doute un regard différent sur le film. Beverly Weston,(Sam Sheppard) un poète vieillissant et alcoolique -qui ne s'ignore pas- vit avec sa femme Violet (Meryl Streep) à Osage County, Oklaoma. Violet souffre d'un cancer de la bouche qui l'a rendue accro aux calmants. Et Beverly va mettre un terme à sa propre vie. Après son "départ" la soeur de Violet et son mari viennent la soutenir, rejoints par deux des filles de la famille ( l'aînée, Barbara incarnée par Julia Roberts, et Karen interprétée par Juliette Lewis). Elles ont préféré aller vivre au loin. La troisième, Ivy (excellente Julianne Nicholson) a mis sa vie entre parenthèses, pour gratifier ses vieux parents de sa douce et invisible présence. Barbara est accompagnée par son mari,et leur ado avec laquelle les rapports sont tendus, et Karen par son enième "fiancé". Mais la douce Ivy est seule....Viendra les rejoindre un peu plus tard, leur cousin, "Little Charles" (Benedict Cumberbatch, vu dans l'excellente et trop coutre série "Sherlock"). On ignore encore tout des liens qui unit ces trois soeurs entre elles, tant elles sont différentes, on ne sait rien de l'amour qu'elles portent à leur père défunt, ou à leur mère malade. Mais on sent bien que dans la chaleur étouffante de ce mois d'août caniculaire, l'attachement à la famille n'est pas le maître mot. Les tensions apparaissent très vite. Le climat n'est pas serein, ni prompt à les rapprocher de leur mère. Toutes leurs failles, leurs blessures, leur cynisme, leur violence vont se faire jour. Les non dits et les secrets vont être révélés, les uns après les autres, avec dureté, excès et cruauté parfois. La douceur a peu de place dans cette famille déchirée. Violet va en profiter pour régler ses comptes avec les siens... Sa bouche, dit-elle, la brûle tant...On ne sait si c'est plus le cancer qui la ronge, que le venin qu'elle a soigneusement conservé en elle, pour mieux le cracher lors de ce fameux repas de funérailles.
L'affiche est accrocheuse : Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor (très brièvement Sam Sheppard) c'est un sacré pari pris le réalisateur John Wells ! A mon sens, il est plutôt réussi,même si j'émets une réserve sur la prestation quelquefois trop "théâtrale" et quelque peu excessive de Meryl Streep, qui s'avère cependant, comme à l'accoutumée, magistrale, troublante, émouvante et drôle aussi. Les actrices apparaissent sans fard dans ce film; la lumière et la photographie sont magnifiques. Elles n'en sont toutes que plus merveilleuses. Si les seconds rôles masculins n'ont pas la part belle dans l'histoire, ils sont néanmoins le catalyseur indispensable à la violence des sentiments de ces femmes meurtries dans leur chair et leur âme. A voir sans réserve. .