Les réunions de famille qui partent en sucette, ce n’est pas un thème très original mais c’est toujours diablement efficace. Même si « Un été à Osage County » n’est pas exempt de défauts, c’est quand même au final un film de deux heures dont on ne décroche pas une seconde. Une réalisation soignée, des décors choisis avec soin pour pouvoir faire passer une impression de chaleur étouffante dans chaque plan. Malgré un sujet mainte fois traité, le scénario trouve quand même l’occasion de nous surprendre par ses rebondissements. Autour d’un certain nombre de scènes fortes (les scènes de repas souvent) se dessine une famille toxique comme un cauchemar ! Certes, les drogues que prend Violet la désinhibent carrément, mais on sent bien qu’elle a toujours été une mère brutale et cassante et que l’explosion de cette famille était latente depuis des années. Je souligne la qualité de l’interprétation de tout le somptueux casting du film de John Wells, Meryl Streep en tête qui en fait des tonnes sans jamais donner l’impression d’en faire trop. A ses côté, que ce soit Julia Roberts, Ewan McGregor, Juliette Lewis ou Benedict Cumberbatch (épatant et surprenant en timide maladif amoureux), tous sont au diapason de Meryl Streep, avec une petite mention spéciale à Julia Roberts. Si certains rôles sont à la limite de la caricature (le côté évaporé de Karen frise le too much), d’autres sont très en retrait et mériteraient, pour le coup, d’être plus écrits (les rôles masculins ou bien celui de l’observatrice silencieuse, la douce indienne Johnna). Mais en réalité, les trois sœurs et leur mère n’auront besoin de personne pour faire exploser cette famille. Certaines répliques font mouche, certaines situations nous parlent, et ce quelles que soient nos famille à nous. Les problèmes sont au final toujours les mêmes : les filles déçoivent les espérances de leur mère, les mères font du chantage affectif, étalent leur préférences entre leur enfants, et puis l’argent… On n’en a pas conscience tout de suite mais l’argent est une des étincelles qui mettra le feu aux poudres. Et certaines répliques, dans la bouche de Violet, sont plus cinglantes qu’un coup de fouet et vous laissent presque sonnés devant l’écran ! Tout est exacerbé dans cette famille Weston, tout est tellement sur le point de rupture qu’on se demande bien pourquoi elle n’explose que maintenant, à la disparition de patriarche. Surement faisait-il le ciment de la famille… C’est un film qui est drôle par moment mais on rit d’un rire nerveux, qui met même un peu mal à l’aise. Côté défaut, on regrettera certains passages un peu bavards (c’est une pièce de théâtre au départ, c’est assez inévitable), une fin un peu abrupte, quelques personnages qui auraient pu être plus nuancés mais dans l’ensemble, « Un été à Osage County » est un film indéniablement réussi.