La suite du “sickest film of all time“, originellement bannie par la British Board of Film Classification (BBFC), n’a finalement été autorisée qu’en direct-to-DVD, interdit aux moins de 18 ans, et ce suite à une censure qui lui a valu 32 scènes coupées sur la version du réalisateur Tom Six. La BBFC justifie sa décision par la déshumanisation et la dégradation des victimes mises en scène, dont la souffrance a pour seul but l’excitation sexuelle du personnage principal.
Ceci était, bien entendu, une introduction racoleuse afin de vous faire lire ce qui suit (je vous connais bande de crapules).
SYNOPSIS : BURP…
Martin, répugnant petit homme adipeux au regard effrayant, est complètement fan du premier opus de The Human Centipede. Vivant encore chez une mère abusive et ayant souffert de violences psychologiques et sexuelles lors de son enfance, il en a retiré quelques séquelles et outre repasser l’infâme film de Tom Six en boucle et de le visionner d’n air libidineux, il rêve de constituer son propre Human Centipede. Où le premier film se revendiquait “medically accurate”, les actions de Martin ne risquent pas de le rester au vu de son hygiène déplorable et de son absence de doctorat en médecine. C’est donc à coup de marteau, couteau sale, agrafeuse, entonnoir et laxatif qu’il accomplira ses sombres desseins. En outre, il a décidé d’ajouter à sa “collection” la charmante Ashlynn Yennie, actrice principale du premier volet…
UN CONCEPT PROMETTEUR
Les rumeurs sur son contenu laissaient présager du meilleur pire : masturbation au papier de verre, viol au barbelé, défécation forcée, sans oublier le fameux human centipede, véritable mille-pattes humain, cette fois-ci constitué d’une douzaine de personnes. Les cinéphiles avides de sensations fortes s’en frottaient déjà les mains (si ce n’est autre chose, mais dans ce cas précis, la rédaction décline toute responsabilité quant à leur équilibre mental).
L’idée du fan mettant en oeuvre son film préféré et de l’actrice du 1 se retrouvant dans son propre rôle dans le 2, ancrant ainsi dans une réalité effrayante les actes de The Human Centipede, était fort intéressante, et l’utilisation du noir & blanc pouvait lui conférer une ambiance particulièrement glauque.
Totalement censuré en Angleterre, malgré les 32 coupes effectuées, et interdit de sortie même en DVD, le film avait rencontré des réactions très extrêmes lors de ses premières diffusions, ce qui n’a fait qu’enfler les rumeurs et lui accorder une publicité évidente. Si l’on en croit le site du magazine Première, “Pour vous donner un indice de la dégueulasserie de la chose, lors de la première du film la semaine dernière, les spectateurs étaient tellement choqués que certains ont vomi dans la salle pendant que les autres s’évanouissaient. C’est clair ? Si votre estomac est fragile, passez votre chemin !“. Avec un tel programme, tout ceci s’annonçait bien sympathique.
BILAN : TOUT ÇA POUR ÇA ?
Me serais-je émotionnellement et gastriquement barricadée, appréhendant le pire de ce deuxième film ? La censure aurait-elle fait son travail au-delà des espérances de la BBFC ? Ai-je vu trop de films d’horreur ? Tom Six aurait-il survendu son film ? Les anglais seraient-ils de petites natures ? A-t-on tout vu lorsque l’on s’est fait à l’idée du premier film ?
Toujours est-il que j’ai été moins choquée que prévu, et légèrement déçue par cette suite qui n’arrive pas au niveau du premier opus. The Human Centipede : First Sequence faisait office, avec une précision et une froideur chirurgicale assez insupportable, d’introduction à l’horrible concept du mille-pattes humain. Full Sequence se contente de reprendre ce principe tout en le poussant à l’extrême et en y introduisant beaucoup plus de gore. Résultat, nous n’avons plus affaire à un thriller où l’horreur et l’incompréhension grandissante des protagonistes face à la froideur du Docteur Heiter nous contaminait, mais à un torture-porn grand-guignolesque qui frise parfois le ridicule et nous fait rigoler nerveusement.
Effectivement, la seconde moitié du film verse dans le gore inutile, gâchant et ridiculisant complètement un concept prometteur, et où la véritable horreur psychologique fait part belle à la dérision.
Toutes les promesses, ou presque, y sont tenues (sauf cette histoire de viol au barbelé, complètement évincée, qui a dû se prendre un bon coup de censure dans les dents) ; seulement, la suggestion laisse place au graphique, qui malheureusement reste assez sommaire, brouillon, sans aucun suspense, et sonne presque faux. Le jeu d’acteur des “douze” est assez catastrophique et il est vrai que le film ne contient que peu de dialogue si ce n’est grognements, hurlements, plaintes, etc.
La seule prestation, assez spectaculaire d’ailleurs, valant la peine d’être retenue, est celle de Laurence R. Harvey qui excelle dans le rôle de l’immonde Martin et porte le film sur ses graisseuses épaules. Plutôt impressionnant pour un premier rôle décroché, paraît-il, en “empapaoutant une chaise” (what?… oh…). L’on notera une relation étrange avec son petit animal de compagnie, un véritable centipède (ce qui nous rappellera qu’un centipède, c’est vraiment dégueu).
Personnellement, j’ai trouvé The Human Centipede 2 beaucoup moins difficile à visionner que le premier, ou qu’un Saw, par exemple, qui nous faisait autant souffrir psychologiquement qu’à l’écran. Que peut-on espérer du 3, que Tom Six nous vend comme le pire de la trilogie ? Un faux documentaire à la Blair Witch ou Rec ? Une télé-réalité ? Hum.