Xavier Dolan, 23 ans, petit génie à mèche du 7ème art, décide pour son troisième film de balancer tout ce qu'il a dans les tripes. Son oeuvre se nomme LAURENCE ANYWAYS. Un barnum cinématographique renversant de 2H40, capable à la fois de profondément emmerder le spectateur autant que de le foudroyer d'émotions. LAURENCE ANYWAYS ressemble au film d'un réalisateur à qui il ne resterait que quelques mois à vivre. Xavier Dolan est en pleine forme, mais il y a un tel sentiment d'urgence dans LAURENCE ANYWAYS, que ce long métrage pourrait être un film testamentaire. Urgence dans les dialogues, urgence dans le propos, urgence dans le fait d'aborder les thèmes qui hantent ce jeune artiste. Par une mise en scène virtuose, Dolan nous embarque dans son trip auteuriste et egotiste avec une facilité déconcertante. En réalité, il ne nous laisse pas le choix, le spectateur est saisit d'emblée par la puissance émotionnelle de ce magma cinématographique. Les nombreuses influences du gamin (Wong Kar Wai, Truffaut...) sont parfaitement digérées et pour la première fois de sa carrière, Dolan n'imite personne. LAURENCE ANYWAYS est à l'image de son auteur: moderne, brillant, fascinant, agaçant et ridicule. Le meilleur réside dans le style, dans le maelstrom des émotions que le réal nous jette à la gueule et dans l'esthétique puissament évocatrice de certaines séquences. LAURENCE ANYWAYS retombe parfois comme un soufflé au détour de scènes "made in nouvelle vague", scènes dans lesquelles les héros parlent de philosophie en n'oubliant pas de se croire très intelligent. Ces baisses de régimes sont à mettre au compte du jeune âge du cinéaste. Ivre de sa jeunesse et de son talent, ce dernier pense souvent avoir tout compris à la vie. Mais chose heureuse, ce petit côté prétentieux très agaçant donne de la vitalité au film. Dolan est libre, il ose tout, et c'est grâce à cette insolente jeunesse que le film est globalement plus que réussit. Le point négatif de LAURENCE ANYWAYS est sa longue durée. Par sa fougue, ce long métrage assomme très vite le spectateur. Au bout de deux heures, ce dernier est lessivé, épuisé mentalement par les fulgurances et les ruptures de ton. Il reste alors quarantes minutes, difficiles, brillantes malgré tout, et lorsque le générique de fin apparaît, on est quand même heureux que tout ceci se termine.