Difficile de peser le pour et le contre lorsque rien moins que Meryl Streep et Tommy Lee Jones s’embarquent pour une thérapie de couple. Deux immenses interprètes chevronnés et méritants prennent la place d’un couple de sexagénaires qui après 31 ans de vie commune, semble s’enfoncer dans les méandres d’une routine malsaine, sans amour, sans attouchements, chacun de son côté. Madame, désespérée, programme, contre le gré de son mari, une semaine de thérapie auprès d’un médecin adulé pour tenter de redonner du piment à leur union. Pas de surprise, le mari tire la tronche, la femme désespère et au final, rien de nouveau sous le soleil, c’est une romcom, tout est bien qui finit bien. En parlant de comédie romantique, Tous les espoirs sont permis n’est pas franchement drôle, plutôt appliqué en terme de description d’union marital qu’il est nécessaire de remettre à flot.
Même Steve Carrell, d’ordinaire déjanté et drôle, ça c’est selon, n’est ici qu’un comédien parmi d’autres à se fondre dans la peau d’un psychiatre fallacieux et tellement ordinaire qu’il est intéressant de s’interroger, par-dessus tout, sur l’utilité d’un tel film. Oui, alors que le cinéma s’enfonce souvent, de nos jours, dans des vasques pleines de bouillie scénaristique inintéressante, que penser d’une thérapie de couple du troisième âge de laquelle il ne ressort que strictement rien d’autre que ce que l’on pouvait attendre. Certes, les deux interprètes principaux sont bourrés de talents, mais bon sang, que viennent-ils faire là, si ce n’est jouer monsieur et madame tout le monde alors qu’un téléfilm du dimanche matin aurait amplement suffit à raconter cette histoire qui n’en n’est pas franchement une.
Voilà, ceci étant dit, difficile pourtant de cracher sur un film relativement documenté, réaliste et très loin de la comédie sentimentale ordinaire, celle pullulant comme la peste sur les écrans. Ici, les protagonistes sont à des années lumières des archétypes du genre, de même que les longues séances auprès du médecin sont aussi bavardes que peuvent l’être les véritables, les problèmes du couple en question étant symptomatiques des gens de cet âge ci, des couples usés jusqu’à la corde qui semble se traîner dans la vie comme une vieille carcasse qui n’a d’autre choix que de suivre toujours la même route. Cependant, malgré ses bonnes intentions, le cinéaste à la barre peine sincèrement à émouvoir, à distraire, malgré des acteurs de premiers plans et une documentation solide sur le sujet.
L’on s’interrogera finalement sur la légitimité d’un tel film, encore et encore, alors que seul une scène sort de l’eau, pas franchement de bon goût par ailleurs. Oui, c’est lorsque que dix minutes durant, le trio médecin, patient et patiente disserte sur les fantasme, le sexe et les petites perversions qui permettrait de mieux connaître la routinière et le vieux bourru assis à côté. En somme une tête à claques forçant deux adultes en deuxième partie de vie à s’exprimer sans tabou sur leur vie sexuelle. Certains trouveront ça amusant voir intéressant, moi j’ai trouvé ça ennuyeux et mal placé. Etrange que cette sensation de vide lorsque l’on est devant un film, par définition objet de distraction élémentaire, un film ici aussi intéressant qu’un documentaire social sur le couple de classe moyenne dans nos contrées. Le cinéma étant par ailleurs une échappatoire aux tracas du quotidien, que penser d’un film qui ne fait que ressasser certaines d’entre eux? 07/20