Une relecture drôle et pleine d’énergie du conte des frères Grimm, qui resplendit des trouvailles visuelles du réalisateur Tarsem Singh. Le scénario reprend assez fidèlement le conte original de Blanche-Neige, en le modernisant toutefois quelque peu : lorsque
son père, le Roi, meurt, Blanche-Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche-Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche-Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince
… Autant le dire tout de suite, cette vision humoristique du conte des frères Grimm perd en profondeur et en noirceur ce qu’elle gagne en légèreté, puisque ici, on est dans l’humour cabotin, celui qui anime les enfants dans les salles sans pour autant crisper les adultes accompagnateurs, tant le propos et la forme sont gracieux et savoureux. Julia Roberts en cougar imbue de sa beauté illumine l’écran et retrouve des forces de jeu qu’on ne lui avait pas vues depuis très très longtemps. Elle s’amuse beaucoup, parvenant à communiquer aisément sa bonne humeur. Elle s’applique dans les stéréotypes de la femme autoritaire prête à toutes les méchancetés pour satisfaire ses vanités. La voir courtiser le jeune prince du haut de son relatif grand âge nous fait sourire. Elle est le grand plaisir de cette farce. Face à elle, Lily Collins à la beauté immaculée, n’est pas sans second degré non plus, mais on s’amusera davantage avec les sept nains, devenus brigands sylvestres ; ils s’affublent d’une tenue en accordéon qui les fait bondir sur les victimes de leur rapine. Une idée géniale qui fait d’eux des nains géants pour des séquences de cape et d’épée irrésistibles. Crado, Glouton, Boucher, Loup, Grimm l’instit, Demi-Pinte et Napoléon ont plus d’un tour dans leur sac, et seront à coup sûr les favoris des bambins. Evidemment, la minceur du script pourra décevoir les spectateurs en quête d’action ou d’émotions. Avec Tarsem Singh à la réalisation, c’est plus la quête d’un style propre au conte enchanté qui sert d’atout majeur au long-métrage. Le réalisateur des "Immortels" et de "The Cell" propose plutôt une autopsie de tout ce qui caractérise le conte de fées, avec une propension unique à boursoufler les plans de couleurs fécondes, de formes ahurissantes et de cadrages singuliers. Tout est ici propice à nourrir l’imaginaire enfantin, comme cette forêt enneigée où l’on combat un beau dragon volant, ou la magnificence du château royal, niché sur une improbable corniche, ou encore le saut dans le fantastique bariolé que représente le passage de la sorcière à travers le miroir... Le réalisateur Tarsem Singh continue donc de se voir comme un artisan peintre du septième art, qui, dès le générique d’ouverture, donne dans l’animation traditionnelle sublimée. Il livre une une œuvre certes légère, mais resplendissante dans son homogénéité, une fantaisie diaprée qui ravit la rétine et comble les aspirations enfantines. Les décors sont magnifiques bien que très kitsch (on se croirait dans une pub pour parfum) et l'esthétique du film est très soignée. Bref, une relecture satisfaisante d’une histoire qu’on ne connaît que trop bien et qui ne paraît pas trop redondante à l’écran. Presque un exploit, donc. Un bon divertissement, drôle et féérique