C'est risqué d'adapter ce conte des frères Grimm, surtout quand toutes les scènes cultes font de suite penser au chef-d'oeuvre de Walt Disney. Tarsem Singh, dans une version multicolore et enchantée attirant le regard des plus petits, retranscrit cette histoire à sa manière, et autant dire que sa réécriture est loin du conte original. Certes, pour se démarquer dans un tel concept, il faut miser dans l'originalité, sauf qu'ici, cette petite production "fleur bleue" plonge dans une succession d'invention grotesque, revisitant à lui-même l'histoire des frère Grimm qui doivent se retourner dans leurs tombes... L'esthétique laisse apercevoir quelques belles images enneigées et magiques mais au bout d'un moment, ce mélange de couleur et de fantaisie donne la gerbe. Pareil pour le casting ; une princesse aux sourcils touffus (je comprend pas, et pourquoi pas un mono-sourcil pendant qu'on y est ?), des nains voleurs et puoilleux loin de Dormeur, Atchoum et Grincheux, un Prince qui aime se ridiculiser et un larbin rajouté pour la méchante (chouette l’originalité!). Seule Julia Roberts tire son épingle du jeu dans le rôle de la très cruelle belle-mère, à la beauté ravageuse, et ce, même si elle est très mal dirigée. Le scénario a trouvé malin d'abandonner l'image de la pomme empoisonnée, de la déambulation de Blanche Neige dans la forêt effrayante, de la transformation de la Reine en sorcière et du dialogue entre Blanche Neige et les animaux (personnellement, ça me manquait pas, mais on aurait pu s'y attendre). Au lieu de ça, on a rajouter un dragon dans la forêt, un village où règne la pauvreté, une princesse guerrière et un miroir magique très étrange... La scène de remise en beauté de la Reine avec tous les serpents et bestioles en tout genre m'a cependant plu. Quelques touches d'humour avec Julia Roberts qui donne tout ce qu'elle peut, parfois dans des scènes pas si drôles (le filtre d'amour pour chien) et un peu d'action avec des combats à l'épée. La déception se rapproche de celle d'"Alice au pays des merveilles" de Tim Burton, qui, ayant une écriture et une fantaisie très personnelle, avait réussi à créer sa propre vision de l'histoire, contrairement à ce gribouillage énervant qu'est "Blanche Neige". Pour les petits, c'est beaucoup trop long et pour les grands, on y trouve aucune magie. J’espère que "Blanche Neige et le chasseur", prévu pour juin en France, beaucoup plus sombre, et avec Charlize Theron en Reine diabolique, donnera une version originale mais cependant fidèle au conte...