Refrigerator m’a attiré par son idée assez originale, et je dois dire que je ne m’attendais pas à cela, plutôt à un film sérieux et très gore. Finalement on est plus dans une comédie avec des touches soft d’horreur.
Coté acteur j’ai été agréablement surpris pour une si petite production. Les interprètes sont tout à fait au point, en particulier Julia McNeal sur laquelle repose quand même l’essentiel du métrage. Elle est parfaitement convaincante, naturelle, et livre une prestation d’un niveau plus qu’honorable. A ses cotés on notera un Dave Simonds un peu plus fade mais très correct, et Angel Caban dans le rôle du plombier qui semble vraiment bien s’amuser dans son rôle. Franchement si l’on ajoute à cela des seconds rôles très enthousiasmants (celui de la mère par exemple), Refrigerator possède une belle petite bande d’acteurs.
Le scénario n’a rien d’exceptionnel bien sur, mais il est intelligent. Refrigerator est assez lent, pour autant il n’est pas ennuyeux, car il distille son affaire avec une parfaite progressivité, et offre d’ailleurs une gradation excellente. On verse très progressivement dans le fantastique, on ne sait pas ce qui est réel de ce qui est finalement fantasmé par l’héroïne qui reste souvent seules chez elles, et on débouche sur une conclusion grandiloquente un peu rapide mais qui vaut le détour. Non, franchement rien n’est ennuyeux dans ce film, et il réserve beaucoup de surprises en offrant une histoire singulière. Il y a par ailleurs une touche d’humour noir palpable tout du long, et laquelle est souvent très bonne.
Sur la forme la mise en scène s’en sort bien. Franchement pour parvenir à rendre un frigo inquiétant il faut le faire quand même, et parvenir à représenter l’attaque d’un frigo sur un homme sans sombrer dans le ridicule le plus totale nécessite clairement du talent. Nicholas Jacob arrive à faire cela, et sans effet grandiloquent, sans effet de style outrancier, il arrive à offrir un spectacle prenant, plus intense qu’il n’y parait, et à mettre beaucoup de dynamisme. Cette qualité tranche un peu avec une photographie qui a nettement vieilli, mais qui n’est pas mauvaise non plus. Elle est sobre, sans fioriture, mais n’empêche pas pour autant l’installation d’une réelle atmosphère dans le film. Quant aux décors il s’agit d’un quasi huis-clos dans un appartement de deux pièces, mais au final par rapport au sujet cela passe très bien, même si on sent un net manque de budget, ne serait-ce que dans l’aménagement de l’appart en question. Alors il ne faut pas s’attendre à beaucoup d’effets horrifiques avec Refrigerator. J’avais le souvenir lointain (peut-être rêvé qui sait !) d’un film avec un appareil électroménager qui bouffait des gens dans une belle débauche d’effets sanglants. Après Washing Machine, The Mangler, il ne s’agissait donc pas non plus de Refrigerator. Pour autant il y a quand même quelques moments très sympathiques (le final par exemple). Enfin, excellente bande son, gaie, dynamique, un peu décalée qui colle parfaitement au coté second degré du film.
Au final j’ai beaucoup apprécié Refrigerator. Peu connu, ne payant pas de mine sur le papier, c’est au bout du compte un film très plaisant à suivre, dans lequel on ne s’ennuie pas, et qui s’avère nettement plus professionnel que ce à quoi je m’attendais. Je lui aurais sans doute donné 4, mais compte tenu de son âge, de son tout petit budget, j’ai envie de lui donner 4.5.