J'avais vraiment peur en voyant ce film en raison des mauvaise critiques et du fait que ma copine ait détesté, et à tout fait pour me le faire détester en le regardant (au début du moins). Mais en fait je suis rentré dedans de façon assez incroyable. Et c'était pas gagné car le jeu de l'acteur principal est vraiment particulier, je ne sais pas si c'est voulu, si c'est le fait qu'il soit étranger mais ça sonne bizarre au début.
C'est pas un film facile car la réalisatrice ne fait rien pour nous faire accrocher, elle ne reprend aucun codes des films parlant du couple. Déjà l'histoire commence alors que les 2 s'aiment déjà, idem avec son prof d'architecture, on ne voit que les prémisses de la rencontre, puis on est mis devant le fait accompli qu'ils sont en couple. C'est très déroutant, parce qu'on a l'impression qu'il manque des scènes, mais en fait c'est complètement justifié et presque agréable, parce que le film ne va pas chercher à idéaliser ces histoires d'amour, on ne nous montre jamais une belle rencontre pour faire rêver.
Le film n'est pas facile aussi car il est très peu dialogué, il n'y a du dialogue que quand c'est nécessaire, jamais on ne voit les personnages rirent en se racontant une blague que seuls eux comprennent, on a droit à du silence à la place, à la nature, à des regards. C'est déroutant mais là aussi c'est justifié, et c'est plus réaliste. J'ai du mal à croire à un rire au cinéma, puisque je suis spectateur, mais un silence, un regard j'y crois plus. Et du coup tous les dialogues sont importants, parfois ils sont un peu lourds car condensant l'intrigue en quelques phrases, mais ça laisse du temps pour se concentrer sur le reste.
Et quel reste ! En n'en rajoutant jamais, la réalisatrice ne nous montre que du vrai, que des situations réelles, des émotions et des réactions réelles. L'histoire est finalement très banale, mais elle est aussi très juste, le premier amour que l'on aime sans raison valable, où l'on va s’interdire de vivre pour soit-disant mieux en profiter, qui va nous ronger, mais dont on gardera toujours une petite parcelle. J'ai ressenti ce que j'adore devant ce film, tout était tellement beau et juste, que j'étais dans le film, et je ne voulais pas qu'il se termine, je voulais savoir tout de son histoire, ça pouvait durer 4h c'était pareil. C'est le plus beau sentiment que l'on peut avoir devant un film, l'impression que le temps ne court plus, que l'on est tellement en phase avec les personnages que l'on veut y rester. Jusqu'à cette fin, très poétique, légère, mais pleine de sous-entendu, d'implicite.
Comment ne pas saluer aussi la performance de Lola Creton, elle est d'une justesse incroyable.
Le film est parfois trop minimaliste et naturaliste, ce qui empêche bon nombre de gens de s'y intéresser, mais il est une grande réussite pour moi. D'ailleurs ce parti pris de la réalisatrice trouve son écho dans le film, lorsqu'un étudiant lit un texte sur l'art disant grosso modo: l'art fait sortir l'homme de son confort, c'est pour cela que l'homme hait l'art. C'est exactement ça avec Un Amour de Jeunesse, la réalisatrice nous fait sortir de notre confort en éludant les codes du genre, et quand c'est bien fait, on peut parler d'art.