Je ne connais pas le cinéma de Mia Hansen-Løve, je savais juste qu'elle était passée par la rédaction des cahiers du cinéma et franchement ce que j'en ai vu, même si c'est pas forcément parfait, notamment au niveau du rythme, le film a quelques baisses de rythmes, notamment au milieu du film, donne envie d'en voir plus.
J'ai cette impression que Mia Hansen-Løve s'est inspirée de sa propre expérience, en tous cas qu'elle sait de quoi elle parle lorsqu'elle parle de ce premier amour à une époque sans téléphone portable, où l'on s'écrivait encore des lettres qu'il fallait attendre une éternité, où chaque jour relever son courrier était un peu un moment de stress, la lettre tant attendue sera-t-elle là ? Et si elle est là, que dira-t-elle ? Et franchement le film est une franche réussite, parce qu'il arrive à faire ressentir les émotions de son héroïne à travers les petites choses, les petites disputes du quotidien (le fait qu'elle soit une chieuse, mais que c'est ça qu'on aime), le fait d'enlever les punaises des villes visitées par son copain qui ne lui écrit plus, ou tout simplement, le chapeau que son premier amour lui a offert qu'elle veut absolument rattraper alors qu'il est tombé à l'eau.
La force des détails permet de vivre avec elle cette aventure amoureuse. Mia Hansen-Løve gère extrêmement bien les ellipses, ce qui permet de vivre cette aventure dans le temps, sans forcément inscrire lourdement un panneau avec marqué "4 mois plus tard", parfois on a des indications temporelles, parfois non et pourtant on sent que le temps a passé, qu'elle a changé.
Mais le plus beau dans ce film c'est qu'il ne se termine pas vraiment, comme dans la vie, il n'y a pas de conclusion, pas de fermeture... la vie continue... et finalement c'est ce qui rend le film si solaire malgré sa mélancolie profonde... Et ça c'est profondément beau, juste la tendresse et l'amertume de la vie qui arrivent à cohabiter...
Parce que Mia Hansen-Løve n'est ni une naïve, ni une niaise, loin de là, son personnage féminin n'est pas parfait et le garçon qui la quitte n'est pas un salaud... et ça ne fait que renforcer cette sensation que Mia Hansen-Løve parle de notre histoire à chacun de nous, qu'elle réussisse à parler de l'universel. Personne n'est tout blanc, tout noir, c'est juste des jeunes gens qui s'aiment et qui de par leur inexpérience se font mal.
Ce qui est beau c'est que cet amour reste... qu'il réussisse à survivre avec l'espoir qu'un jour ils seront assez matures pour que ça soit possible.
Et si au début le film ressemblerait presque à un Rohmer avec des adolescents qui parlent d'amour avec de grands mots et de grandes phrases, le film réussit petit à petit à s'échapper de son modèle pour réussir à avoir sa propre identité, celle d'un film montrant des tranches de vies d'une jeune femme qui perd son premier amour. Ce qui n'est pas sans rappeler la Vie d'Adèle (bien que ce dernier reste mille fois supérieur au film de Mia Hansen-Løve).
Reste que je me sens particulièrement concerné par cette histoire, parce que moi aussi j'ai laissé la femme aimée de l'autre côté de l'Atlantique en allant en Amérique du Sud.