Ce troisième film de Mia Hansen-Løve, malgré des aspects intéressants et assez justes, ne m’a pas entièrement convaincue. J’ai découvert grâce à lui cette jeune réalisatrice, et les deux acteurs principaux.
La narration comporte trois temps : dans le premier, en 1999, Camille (15 ans) et Sullivan (19 ans) découvrent ensemble leur premier amour. Camille est dépendante, en quête de fusion, Sullivan aspire à plus de liberté et partira bientôt en Amérique du Sud, quittant Camille. Dans le deuxième, Camille se remet non sans séquelles de cette rupture, grâce aux études d’architecture qu’elle suit et qui la passionnent, et à la rencontre amoureuse et intellectuelle avec un architecte plus âgé. Dans le troisième, quelques années plus tard, Sullivan réapparaît et la vie de Camille vacille à nouveau.
La caméra dans ce film revient inlassablement, comme les abeilles sur certaines fleurs, autour de Lola Créton (Camille), et la quasi totalité des plans la met en valeur, même dans ses moments les plus sombres. A ce niveau là, l’objectif – si tant est que cela en soit un – est atteint, même si je trouve l’actrice un peu trop « exploitée » physiquement. Elle a cependant un visage intéressant, peu commun, et de ce fait, je n’arrive pas déterminer avec certitude si son jeu est bon, promis à un avenir, ou si elle est bien filmée.
L’esprit féminin est finement perçu, dans ses souffrances amoureuses entre l’adolescence et le début de l’âge adulte, sans doute du fait de la proximité d’âge avec la réalisatrice et de sa sensibilité. Sont ainsi bien transcrits les sentiments de solitude, de vide affectif, de froideur apparente masquant un grand trouble, de soif de toujours plus, et de maturité acquise dans la douleur.
Ce film raconte ces douleurs incomprises issues de projections impossibles, qui ne cicatrisent que partiellement et se réouvrent dans des circonstances précises, sans qu’on puisse avoir un quelconque contrôle dessus. Pour (sur)vivre, l’être humain s’adapte, et pour s’adapter...blesse.
L’acteur principal (Sebastian Urzendowsky) m’a agacée, je ne l’ai pas trouvé crédible. Le français n’apparaît certes pas comme sa langue maternelle – ce qui n’est heureusement pas du tout un problème, plutôt un mérite – mais du fait d’une concentration sur la diction (il me semble), ses répliques étaient assez mal dites.
Quant à la personnalité de Sullivan, elle rend difficilement compréhensible l’attachement de Camille, surtout avec le passage des années.
La découverte de l’architecture par les études de Camille, très pédagogique, ouvre des horizons attirants mais n’apporte pas nécessairement de profondeur au récit.
Les lieux sont bien filmés, dans des lumières attachantes, de la capitale à l’Ardèche en passant par l’Allemagne, nous invitant au voyage, et à l’écoute des sons de la nature.
S’étaient formées en moi quelques attentes concernant ce film, qui sont restées à l’état d’attentes après la projection. Reste néanmoins suite à ce film le goût de la cruauté de l’apprentissage, et celui amer de la perte de l’innocence.
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