Le Masque de la Méduse est franchement un film faible. Le souci étant, ici, tout comme dans le Fascination que j’ai vu il y a peu de Rollin, que le film est très théâtral, et du coup s’appuie surtout sur ses acteurs et ses dialogues. Ici ni l’un ni l’autre ne faisant vraiment mouche, forcément le résultat en souffre.
Les acteurs ne sont pas vraiment mauvais, mais le souci c’est qu’ils sont affligés de dialogues très lourds, très pompeux, plus verbeux que franchement profonds sous des allures dignes d’une tragédie grecque. Ils s’étendent en longueur, blindent au moins les ¾ du film, et c’est très indigeste. Les acteurs ne peuvent logiquement pas jouer, parce qu’il est totalement artificiel de débiter ce genre de dialogue, et on peut difficilement passer 5 minutes à les réciter en faisant autre chose que du surplace. C’est dommage car en plus les choix des acteurs étaient bons. Simone Rollin fait une Méduse usée des plus crédibles (je ne sais pas si c’est très glorifiant !), autour d’elle gravitent quelques habitués des films Rollin (Bouyxou, Lenoël), tandis que les amateurs de jolies jeunes femmes pourront se faire plaisir avec la charmante Marlène Delcambre, et, vers la fin, Delphine Montoban.
L’histoire est là aussi, très lourde. C’est du pudding, un gros pudding à manger et sans verre d’eau après. C’est peu digeste. Le film est heureusement court, et il se termine, j’en conviens, sur un dernier quart d’heure un peu plus savoureux (voir Delcambre croquer les fesses de Montoban fait parti des moments cocasses). Pas d’action, des dialogues lourds, absence totale d’intrigue, narration inexistante, Le Masque de la Méduse se regarde très vite d’un œil distrait. On sent comme souvent chez Rollin de l’ambition, des références, mais là il a fait le choix des dialogues plus que des sensations et de l’atmosphère pour faire passer la pilule, et malheureusement c’est loupé.
Reste la dimension technique. Là encore elle n’est pas des plus enthousiasmantes. La mise en scène est correcte, bien que dans le style théâtral du film elle ne soit pas non plus des plus audacieuses. La photographie en revanche est très élégante, très raffinée, et reste dans la même bonne impression que m’avait laissé La nuit des horloges. Les décors eux sont restreints, mais ils sont bien utilisés et malgré leur sobriété dégage une ambiance particulière. Je relève encore un érotisme soigné et de qualité, qui ravira les amateurs de Rollin. Il termine de ce point de vue en beauté sa carrière, avec une utilisation en particulier de la singulière Marlène Delcambre qui nous gratifie d’heureux moments. En revanche rien à signaler coté horreur. Quant à la musique, bonne, il est regrettable qu’elles n’apparaissent pas davantage (mais bon les dialogues lui en laisse peu de temps). C’est vraiment dommage.
En conclusion Le Masque de la Méduse conclue assez mal la carrière de Rollin. Quelques bonnes choses surnagent au milieu d’un exercice de style qui malheureusement s’avère maladroit, plus pesant que signifiant, et qui ressemble davantage à un mauvais film d’auteur qu’à une expérience comme Rollin nous y avait souvent conviés. Il mérite surement 1.5, mais pas plus, et je suis d’autant plus déçu qu’il contraste terriblement avec la surprise de La Nuit des horloges.