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Gérard Delteil
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3,0
Publiée le 14 septembre 2017
Le cinéma politique italien a connu un essor considérable dans les années soixante-dix. Ce film se situe dans cette veine. Il évoque un crime gratuit commis par quatre jeunes néofascistes aussi bêtes que méchants. Assurés de la complicité de la police qui leur permet tout dans leur fief de San Babila, ces jeunes écervelés nostalgiques d'Hitler et Mussolini vont aller trop loin. Le problème est que ces jeunes crétins sont si antipathiques qu'on ne peut avoir d'empathie pour aucun personnage de ce film, sauf sans doute pour les victimes dont les personnalités ne sont pas développées. Un témoignage sur une époque de l'histoire de l'Italie sous ses aspects les plus violents qui nous rappelle que cette violence ne fut nullement l'exclusivité des Brigades rouges du camp adverse.
Symptomatique de l’ambiance de l’Italie des années de plomb, San Babila, un crime inutile de Carlo Lizzani (1976) est une œuvre importante qui n’a malheureusement pas connu de distribution en France, sans doute à cause de son contenu politique trop marqué. Le réalisateur, proche du mouvement communiste, y dénonce le poids de plus en plus important des néofascistes dans le Milan des années 70, ainsi que la protection tacite que ce mouvement recevait de la part des autorités – la démocratie chrétienne alors au pouvoir. Certes, le réalisateur ne fait pas dans la nuance lorsqu’il décrit cette jeunesse fasciste détestable, mais il touche du doigt la réalité de cette mouvance politique et livre une œuvre à la limite du documentaire. Le crime inutile du titre scandalise à juste titre le spectateur et rappelle à quel point le populisme et l’ultra-droite sont dangereux pour les citoyens. Une œuvre de salubrité publique qui, finalement, n’est plus si dépassée que cela depuis quelques semaines et la venue au pouvoir en Italie de l’extrême-droite alliée aux populistes.
A l'heure où, hélas, le fascisme n'est pas mort, ce film de 1976 est d'une incroyable efficacité à la fois cinématographique (un giallo mené tambour battant parfaitement soutenu par la musique du grand Morricone) et thématique. Le film met en évidence la violence primaire, instinctuelle, des jeunes fachos et la complicité du pouvoir étatique dans l'inaction. Milan, ses tours, ses paysages industriels, sa froideur bouillonnante, est aussi un personnage capital et inoubliable de ce grand film des années 70.