Ne cherchez pas de réalisme épurée dans cette histoire de violence et de vengeance. Nous sommes en effet en présence ici d'un conte, d'une fable ( j'utilise ces termes dans leur sens de "récit allégorique" ) à la fois burlesque et macabre , d'une extrême violence certes, mais d'une violence dénuée de motivation, dénuée de sens, presque gratuite. Si les personnages ne cessent de se pourchasser, c'est uniquement par instinct de chasse, par volonté de domination de l'adversaire. Ces deux personnages, quand ils se retrouvent face à face sont toujours très stoïques, ils nous donnent l'impression que ce n'est pas une haine mutuelle qui les motivent au combat ( haine pourtant bien présente dans le scénario en tout cas au moins pour le personnage du flic ) mais uniquement la volonté de dominer l'adversaire, l'instinct de violence presque primitif. C'est pourquoi je parlais précédemment de fable allégorique, c'est une histoire qui pourrait se passer à n'importe quelle époque, dans n'importe quelle pays, cela n'a en réalité aucune importance. Ces personnages sont symboliques des rapports de force, dominés/dominants et symboliques aussi de la ligne très floue qui séparent ces deux rapports. Je trouve qu' aborder cette idée de conte macabre est une excellente idée scénaristique qui dans ce film est menée à la perfection mais j'aimerais tout de même évoquer quelques faiblesses du film. Tout d'abord je trouve que la violence du film manque cruellement de fatalisme, aucune action des personnages n'a de réelle conséquence puisque dans tous les cas, on sait qu'ils vont finir par se croiser et déchaîner leur violence. On a même l'impression que les autres personnages ne sont que des prétextes pour justifier cette violence. Pourquoi cela ? Parce que à chaque fois que Soohyun à l'occasion de tuer Kyungchul, il ne le fait pas. L'histoire nous explique que si il fait ça, c'est pour faire durer sa vengeance mais le problème est que ce n'est pas rationnel. La est l'inconvénient de la fable, c'est que celle ci n'est pas réaliste, elle n'est qu'allégorique. Or ici, même si encore une fois l'histoire est d'un Non - réalisme assumé, le problème est que le contexte dans lequel elle évolue est réel. Nous ne sommes pas dans une société imaginaire ( comme l'avaient fait Jeunet et Caro dans Delicatessen ) ou dans un monde sans date et lieux clés. Cela donne donc un côté surréaliste certes mais auquel on a du mal à prendre puisque visiblement le réalisateur lui même ne savait pas où se placer entre faire un film 100 % réaliste ( et dans ce cas là modifier l'histoire afin de la rendre crédible ) ou un film 100 % surréaliste ( et dans ce cas là placer l'histoire dans un paysage non contextualisé ). Le réalisateur oscille pendant tt le film entre le burlesque et la violence réaliste ce qui contribue donc à ce principal défaut de l'histoire : l'instabilité du scénario. Autre reproche, plus minime, qu'on pourrait faire est que la réalisation s'inspire trop du cinéma américain ( beaucoup de plans à la Fincher ) sans jamais trouver réellement une marque de fabrique. Cependant je trouve que le film reste réussi même si celui ci n'est pas un chef d'oeuvre et n'arrive pas à la cheville d'un film comme the Chaser ou the Revenant sur le même thème de la vengeance. Je le déconseille au moins de 16 ans notamment par rapport aux scènes de torture.