Dans la thématique de la vengeance, rarement cinéma n'a autant brillé que le cinéma coréen. Old Boy, Sympathy for Mr Vengeance, The Chaser, voilà bien des films qui sont devenus de véritables standards du genre.
Mais comme disait l'autre, ça c'était avant. C'était sans compter sur l'arrivée de ce nouveau monstre qu'est le bébé de Kim Jee Woon, cinéaste très inspiré d’œuvres telles que Deux Soeurs, A Bittersweet Life, The Good The Bad and The Weird..
Ici pas la peine de prendre des gants pour éviter les éclaboussures, nous sommes immédiatement plongés dans un monde noir, sale, puant le sang et le désenchantement. Et l'émotion aussi. L'émotion de personnages vivant quotidiennement dans un monde déshumanisé.
Cet endroit sera le théâtre d'un des plus grands duels auquel on n'a jamais assisté au cinéma. Celui de deux hommes dégoulinant de sang et de haine à l'égard de l'autre. L'un simple psychopathe jouant de diverses armes blanches amateur de chair fraîche, l'autre agent secret dont la femme a été sauvagement assassiné par le premier.
Là où plein de films hollywoodiens auraient pu prendre une tournure des plus prévisibles, un héros plein d'honneur, s'appuyant sur ses amis pour surmonter ses douleurs et venger sa bien aimée blablabla..
Non ici, nous ne sommes pas à Hollywood. Ici la vengeance n'a plus de limite. Et l'homme désireux de venger la mort de sa bien aimée n'en a pas non plus. Il retrouvera très vite sa cible. Mais au lieu de la tuer, il la laissera s'enfuir, pour la rattraper encore encore et encore pour lui faire subir les actes les plus sadiques qui soient. Le jeu du chat et de la souris n'aura jamais été aussi pervers.
Lee Byung Hun incarne à la perfection cet homme qui pourra évoquer le Driver de Ryan Gosling à certains mais en dix fois plus violent, barbare et émotif. Plusieurs fois il laissera apparaître la douleur qui se cache derrière toute cette rage, toujours de manière très pudique.
Face à lui, Choi Min Sik est simplement effrayant, ses réactions toujours totalement imprévisibles et souffrant d'une maladie incurable: le besoin d'infliger de la douleur. Loin, très loin de son rôle dans Old Boy..
Pendant toute sa durée, le film se veut être un véritable ascenseur émotionnel, nous passerons ainsi de l'effroi lors de scènes de crimes justifiant largement l'interdiction aux moins de 16 ans à la jubilation lors d'affrontement physiques d'une adrénaline jamais vue avant de passer par les larmes devant un tel mélange de violence et de tristesse.
Au final, le film ne nous aura pas menti, nous avons bel et bien rencontré le diable. Mais cette fois il se trouvait dans les deux camps. Ainsi que dans le plaisir que cette perle nous aura procuré.