Réalisateur du désastreux Ghost Rider et producteur de film alibi qu’est Grudge Match, voilà que Mark Steven Johnson revient à la mise en scène pour un direct to DVD, dans nos contrées. Il n’y avait pour ainsi dire que très peu à attendre de la nouvelle réalisation du bonhomme hormis peut-être une confrontation amusante entre deux pointures de l’interprétation américaine. John Travolta affronte là Robert de Niro, deux acteurs en furieuse perte de vitesse depuis les années 2000-2005. Un passif glorieux en poche pour chacun d’eux, voilà que ces monstres sacrés du cinéma de la deuxième partie du 20ème siècle continuent de lyncher leurs carrières respectives à grands coups de mauvais choix, de rôles comiques illusoires ou d’interprétations moyennes dans des séries B qui peinent sincèrement à attirer un public devant les écrans.
Oui, le fait est dommageable d’autant que ces deux acteurs là ont encore un énorme potentiel. L’on ne passe pas de Voyage au bout de l’enfer, des Affranchis à une série B aussi décousue en perdant son talent en route mais sans doute par défaut d’autres propositions, par simplicité. Bref, quoiqu’il en soi, ici, c’est d’une relative désinvolture dont fait preuve le réalisateur aux commandes, cherchant la facilité là ou le cinéma se doit maintenant d’offrir autre chose qu’un simple récit de duel, ou alors le faire très bien. Tout va très vite, d’une guerre de Bosnie que l’on nous vend comme affreuse, c’est la cas, pas besoin du film pour ça, à un face-à-face entre un colonel US à la retraite et un ancien bourreau serbe de passage dans le Midwest. A grand coup de tire à l’arc, nos deux gus se pourrissent la vie dans les tréfonds d’une belle forêt américaine. Pourquoi pas? William Friedkin l’avait très bien fait dans Traqué.
Oui, mais soyons franc, Johnson n’est pas un grand cinéaste, de loin s’en faut, et sans la présence des deux vedettes, l’on aurait sans doute jamais entendu parler de Killing Season, au grand jamais. En plus de ne rien offrir de tangible, le film se targue de collectionner les discours chrétiens douteux, les déballages philosophiques foireux ayant pour thème le pardon, la résurrection d’une âme en peine. Encore une fois, le seul attrait est de voir les deux acteurs se mettre sur la gueule, chacun prenant le pas sur l’autre, et vice versa, une bonne demi-douzaine de fois. Celui-ci torture celui-là pour dans les minutes qui suivent, inverser les rôles. Dès lors, il est évident que De Niro est nettement plus à l’aise de Travolta dans l’exercice d’être un tantinet crédible, même si le scénario et la réalisation ne font rien pour appuyer la crédibilité.
Maussade, pas très convaincant, le film à au moins le mérite de délivrer quelques scènes plutôt sympa, principalement les séquences de torture, au nombre de deux, l’un dans une ruine l’autre avec la citronnade, sans compter sur la flèche que se prend dans la poire celui qui se définit comme étant le chasseur. Tout ça passe le temps, une heure et demi, et suffit à divertir un minimum pour que l’on ne crache pas sur le réalisateur à la première occasion. Film maigrichon qui mérite sa place dans les bacs mais qui, à juste titre, n’aurait rien eu à faire dans les salles de cinéma. A quand un retour triomphal pour Robert De Niro, l’un des plus grands acteurs de ce monde? 05/20