Boll s'est montré très créatif et a traité des sujets qui lui tiennent à cœur depuis quelques années. "Rampage", "Darfur" et enfin son curieux "Final Storm" sont loins de mériter le lynchage qu'il a subi à cause de ses premiers nanars (Encore que pour moi, le premier "King Rising" soit un bon divertissement d'aventure bien qu'il se tamponne du jeu vidéo dont il porte le nom). Maintenant, "Auschwitz" est un sujet délicat et il ne le traite pas en faisant dans la dentelle. Mais ce n'est pas le genre du personnage et de toute façon, toujours tout édulcorer n'est jamais bon. Les massacres des Juifs, des Arméniens, des Tziganes, en d'autres siècles, des Protestants, des Cathares, etc..., etc ... ne se sont pas produits dans la miséricorde et sous anesthésie. Les films réalisés par les Américains et les Soviétiques à la libération des camps de la morts sont insupportables et produisirent une réaction d'épouvante au procès de Nuremberg, alors que les participants étaient majoritairement des militaires aguerris. Donc, Boll montre dans son film un point de vue épouvantable de la Shoa, mais connaissant les réactions probables du public, il le fait en toute honnêteté. Il en avait certainement besoin. Ce film, malgré l'électrochoc violent qu'il distribue, est nécessaire pour les consciences, au même titre que "La vie est belle", "La liste de Schindler", "Le pianiste" ou la série TV "Holocauste". Ceci ne veut pas dire qu'il soit aussi réussi sur le plan cinématographique que ses prédécesseurs, mais il a sa place avec eux. De plus, Boll est devenu maintenant un réalisateur de série B, acceptable, pas de génie pour la mise en scène mais une expérience appliquée intelligemment dont certains rouleurs de mécaniques hollywoodiens n'ont même pas l'ombre. Si bien que, quand il travaille sur un sujet qui le touche, il s'en tire bien. Enfin, il reste une réalité à dire et qui est liée directement aux réactions déclenchées par des films "sur le fil du rasoir" comme celui-ci en France. Je suis Français mais aussi Breton. Je porte en moi la culpabilité des erreurs de notre Région et de notre Nation. Le peuple Français bien-pensant traîne de belles casseroles en Inox avec le manche du même bois. On note entre autres, parmi ces chef-d’œuvres du couvert de cuisine luxueux : le commerce des esclaves, certains évènements de la colonisation et de la décolonisation, les massacres inutiles de la première guerre mondiale, orchestrés par de vieilles ganaches réactionnaires sur leurs propres soldats et enfin, la belle collaboration avec l'occupant, pendant la seconde guerre mondiale, de la droite néoconservatrice ou extrémiste. Si nous osions faire, par le biais de cinéastes talentueux (mais en restent-ils dans l'Hexagone ?), notre mea-culpa sur ces sujets, cela éviterait des votes aussi ridicules que celui des dernières élections européennes mais aussi de se retrouver dans un engrenage culturel et politique qui détruira notre civilisation au final.