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soniadidierkmurgia
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2,0
Publiée le 21 mars 2024
. « Les Gaietés de l’escadron » est le septième film tourné par Jean Gabin, ici sous la direction de Maurice Tourneur réalisateur français très expérimenté et reconnu qui a fait de 1914 à 1926 une brillante carrière à Hollywood avant de revenir en France pour y tourner son troisième film parlant, comédie militaire, remake d’un film que Tourneur avait lui-même réalisé en 1914. Jean Gabin a un an auparavant été dirigé par le fils de Maurice, Jacques Tourneur (« Tout ça ne vaut pas l’amour ») qui fera lui aussi une carrière prestigieuse aux Etats-Unis. À ses côtés, Jules Raimu et Fernandel. Le scénario de Georges Dolley est l’adaptation du premier roman de Georges Courteline paru en 1886 et rapidement adapté au théâtre. La pochade plutôt roborative brosse le portrait satirique de l’armée française de la fin du XIXème siècle après qu’elle a subi la fameuse débâcle de Sedan (1er septembre 1870) restée dans toutes les mémoires de l’époque. Maurice Tourneur né en 1876 a bien connu les heures de gloire du « comique troupier » qui perdurera avec plus ou moins de bonheur jusque dans les années 1970 avec la saga de la « Septième Compagnie » qui, la fin de la conscription aidant, sonnera en fanfare le glas d’un genre passé de mode. Tourneur en expose doctement avec les « Gaietés de l’escadron » tous les artefacts à travers les ordres ineptes qui se propagent en cascades jusqu’au troufion de base et relayés par des sous-officiers jouissant sans vergogne de leur petite parcelle de pouvoir. Portrait d’une armée empêtrée dans sa verticalité hiérarchique et qui semble alors selon Courteline très loin de pouvoir reprendre au nom de la France l’Alsace et la Lorraine qui lui ont été arrachées. Jules Raimu tout à son affaire dans le registre qu’il affectionne du bougon au cœur tendre campe le capitaine Hurluret, sans doute le dernier auquel il fallait confier le commandement d’un régiment de chasseurs à cheval ou de quoique ce soit d’autre, incapable d’incarner l’autorité suprême qui fait que toute cette pompe militaire peut avoir un sens. Fernandel et Gabin respectivement le soldat Vanderague et le soldat Fricot incarnent les deux figures emblématiques du comique troupier. Le soldat naïf sans doute d’extraction rurale, éternelle victime des brimades de ses supérieurs et le soldat roublard à l’affût de toutes les contradictions du système pour se la couler douce. Au-delà de l’aspect répétitif et lourdaud des gags on ne peut que constater l’incapacité du jeune Gabin à adapter son jeu à une gestuelle et à une tonalité qui lui sont étrangères. Jules Raimu et Fernandel tous deux méridionaux sont à l’inverse complètement dans leur élément. Dans le dernier tiers de sa carrière alors qu’il est revenu au sommet et que son physique s’est épaissi, l’acteur chevronné montrera des dispositions comiques parfaitement efficientes qui lui vaudront de se confronter avec brio aux trois monstres comiques de leur époque. Bourvil tout d’abord dans la fameuse « Traversée de Paris » (1956) de Claude Autant-Lara, Louis de Funès dans « Le Gentleman d’Epsom » (1962) de Gilles Grangier puis dans « Le tatoué » (1968) de Denys de La Patellière et Fernandel à nouveau dans « L’âge ingrat » (1964) de Gilles Grangier. Comme quoi tout arrive à point à qui sait attendre. Pour conclure sur « Les Gaietés de l’escadron », il faut convenir que ce film mineur de Maurice Tourneur ne fait pas partie des plus convaincants de la grosse douzaine précédant l’avènement que constituera en 1935 « Là Bandera » de Julien Duvivier.