Pater, présenté en compétition du Festival de Cannes 2011, a reçu 17 minutes d'applaudissements et de standing ovation de la part des spectateurs de la salle Lumière du Palais des Festivals.
Lorsque Alain Cavalier et Vincent Lindon se sont rencontrés il y a 10 ans, l'acteur avait fait savoir au réalisateur qu'il rêvait de tourner avec lui. Un rêve qui s'est exaucé lorsque Alain Cavalier lui a fait part de sa volonté de travailler avec lui, sans qu'il n'ait forcément une idée de scénario en tête.
Michel Seydoux, le producteur du film avec qui Alain Cavalier travaille depuis 12 ans, a donné carte blanche au réalisateur. De plus, il connaît Vincent Lindon depuis 25 ans, si bien que leur rencontre pour parler du film n'a duré que deux minutes, durant lesquelles l'acteur n'a eu qu'à prononcer le mot "D'accord".
Ce tournage a été peu conventionnel pour Vincent Lindon, puisqu'Alain Cavalier lui a laissé "tenir" la caméra par moments, affirmant que si la prise était mauvaise, elle n'existait pas. En outre, les mots "moteur", "action" ou "coupez" n'ont pas été prononcés une seule fois !
Alain Cavalier a avoué, lors de la conférence de presse du film à Cannes, avoir eu beaucoup de pères dans sa vie : il a été élevé chez des prêtres, où Dieu était le père tout puissant, et où ces derniers étaient appelés "Mon Père". Et bien sûr, il y a eu son propre père, très sévère avec lui. C'est pourquoi il a voulu traiter de la complexité de la relation filiale, avec Vincent Lindon, qu'il considère comme son fils à la fois dans le film et dans la réalité.
Vincent Lindon avoue avoir rêvé faire de la politique : "Si on me donne la direction d'un pays, je la prends ! Même si ce n'est pas la France !", a-t-il plaisanté lors de la conférence de presse du film à Cannes.
Michel Seydoux, le producteur du film, a été invité avec sa femme chez Alain Cavalier pour visionner le film, une fois celui-ci fini. Mais le couple ne s'attendait pas à trouver un appartement vide, avec pour seules informations les consignes qui permettaient de regarder le film !
A l'inverse, Vincent Lindon a été le dernier à visionner le film. Il affirme avoir très mal vécu la première projection, car il se voyait pour la première fois en tant que "lui-même" et non en tant que maçon ou professeur de natation. Il l'a revu une deuxième fois, avant Cannes. C'est seulement à ce moment-là qu'il dit s'être "pris le film en pleine poire".
Si Vincent Lindon n'a pas envie de "devenir un vieil acteur", il reste pour l'instant bien présent sur nos écrans, notamment dans La Permission de minuit, et dans le nouveau de film de Philippe Lioret, Toutes nos envies.
Alain Cavalier raconte que, pour lui, le cinéma doit "donner l'impression que c'est comme dans la cuisine", autrement dit réussir à montrer la familiarité qui existe entre deux personnes, en l'occurrence lui et Vincent Lindon, à la fois dans le film et dans la réalité. Il ajoute d'ailleurs : "je pense que les hommes politiques et les hommes de spectacle adorent manger et boire !"
"Hier, au moment de la projection, les gens s'attendaient à voir un ovni. Aujourd'hui on confond bizarre avec chiant, mais c'est un raccourci. Personne ne s'attendait à voir une comédie. Au bout de 30 secondes, j'ai entendu un rire dans la salle, puis deux, puis trois, puis quatre et même des applaudissements comme si les gens voulaient nous dire "Ah, enfin vous arrivez !". Donc ça peut avoir un écho très grand public, et c'est ça qui est formidable avec le cinéma, c'est que le prix de la place est le même."