Bon... Je veux encore bien entendre les arguments de l'ami Lindon qui dit qu'il s'est éclaté comme une bête à se mettre dans la peau d'un premier ministre et qu'à certains moments il s'y croyait tellement qu'il va jusqu'à en dire que c'est là son expérience d'acteur la plus forte, mais il n'empêche que – me concernant – cette expérience fut atrocement éprouvante. Ce "Pater", c'est comme filmer un gamin qui s'éclate au bilboquet pendant deux heures en partant du principe que le plaisir sera le même pour celui qui regarde. Car c'est bien cela ce "Pater" : un jeu de gosse. « Allez ! On est dans mon petit appart du 14e et on s'amuse à faire les gens importants » ...Effectivement, c'est là la source du cinéma, sauf que là le cinéma est égoïste et qu'il décide de s'en foutre du spectateur. Ils jouent et ils s'amusent : tant mieux ! Par contre, nous - spectateurs - on doit juste les regarder bouffer et boire et parler de leurs ego et de leurs préoccupations dont on est en droit de se foutre totalement. Car, si encore ils avaient des choses intéressantes à dire dans leurs pérégrinations politiques, mais le pire c'est qu'ils se limitent à faire les politicards comme des gosses font les cow-boys et les indiens, c'est-à-dire de manière totalement naïve et creuse. OK, ils se sont amusés, il n'y a pas de mal, mais nous on a payé notre place pour voir ça, et pour ma part je trouve ça un peu culotté de leur part. Car en effet, autant je veux bien accepter l'idée que ce film n'est pas pensé comme l'arnaque du siècle, autant j'espère en retour qu'on me concèdera le fait que ce film n'est en fait qu'une ébauche de film. Le principe de la fiction mélangé à la conception du film est marrant, mais on en a fait le tour au bout de dix minutes. Le discours politique se limite à deux trois propositions d'une naïveté affligeante dans les dix premières minutes, et le reste ce n'est que de la causette de comptoir. Personnellement, je trouve que la gentille naïveté n'excuse pas la pire des paresses. Content de son concept, estimant qu'il se suffit à lui seul, Cavalier considère du coup que toute exigence formelle est accessoire et n'a aucun scrupule à filmer ce qu'il lui passe par la tête, sans souci de cadre, de son ou de qualité de l'image. Ainsi, si Cavalier a décidé de parler de son chat, de filmer des assiettes dégueulasses en guise d'intro, ou bien de laisser Lindon déblatérer son fiel sur son concierge d'immeuble, il le fait sans se préoccuper un seul instant de la pertinence de ses choix et de son propos. Alors peut-être que ce type de démarche fonctionne très bien sur des gars qui passent leur vie à intellectualiser le cinéma, mais pour ma part, non seulement je trouve que ce type de démarche fonctionne en vase clos en n'étant au fond qu'une œuvre qui s'autocontemple, oubliant de contempler le monde, mais en plus elle le fait de la manière la plus paresseuse et laide qui soit. En somme, même si je laisserai volontiers les dandies du cinéma s'enivrer de ce que ce film "atypique", moi, en tant que spectateur lambda qui vient au contact du septième art pour qu'on lui transmette de l'émotion, de la sensation ou bien un autre regard sur le monde, j'avoue m'emmerder totalement face à une œuvre aussi prétentieuse que repliée sur son petit monde. D'ailleurs, si Cavalier et Lindon n'étaient pas aussi sincères dans leur démarche, je me serais certainement permis de dire que ce film est une véritable insulte au cinéma voire à l'art tout court tant il en méprise les principes fondamentaux...