Il y a des coups d'essais qui ressemblent à des coups de maitre. "Martha, Marcy May, Marlene", premier film d'un jeune réalisateur de 30 berges, Sean Durkin, qui se révèle assurément comme un cinéaste à suivre de très près, en est un. Et c'est une autre inconnue à l'avenir également tout tracé, Elizabeth Olsen, qui porte cette petite réussite à l'écran. Si le nom de famille de cette jolie actrice vous est familier, ainsi que quelques traits de son visage enfantin, c'est parce qu'elle est la petite sœur des célèbres jumelles Olsen. Oui, rappelez-vous, deux gamines blondinettes qui jouaient dans des sitcoms à rires en boite et décors en plâtre, désormais devenues deux pétasses anorexiques sans autre talent que la fortune et la notoriété de leurs jeunes années... Et une chose est sûre, si la fortune et la notoriété chez les soeurs Olsen sont donc allées à Mary Kate et Ashley, Elizabeth a elle hérité du talent.
La jeune comédienne qui tient là son premier rôle étonne par la simplicité et la justesse de son jeu tout en finesse et en non-dit, dans la peau d'une adolescente instable tout juste échappée d'une communauté aux fortes allures de secte. Alors qu'elle tente de reprendre le cours d'une vie normale chez sa grande-sœur et son beau-frère à qui elle n'avait plus donner signe de vie depuis un long moment, celle-ci se retrouve assaillie par les visions de ce tortueux épisode de son passé, et la frontière entre réalité et cauchemars devient alors infime.
"Martha, Marcy May, Marlene" a été récompensé par le Prix de la mise en scène à Sundance, festival ultra-prisé du cinéma indépendant, est c'est on ne peut plus mérité : la caméra est contemplative, posée tel un œil voyeur qui fixerait l'action, ses mouvements sont très fluides (en témoigne les beaux mouvements de travelling et de panoramiques), la composition des cadres est soignée, et l'éclairage, très souvent naturel, est superbe. Sean Durkin passe sans cesse du présent au passé pour mieux nous faire perdre nos repères, au fur et à mesure que le personnage de Martha perd les siens. Il prouve par la même occasion une belle aptitude à créer des ambiances au cordeau lors de certaines séquences.
Un film beau, un film intelligent, un film intense, que je recommande très chaudement aux amateurs de drame psychologique et paranoïaque qui flirte avec les limites de la folie, comme on pu le faire, dans d'autres styles, Roman Polanski ou Darren Aronofsky. Une claque.
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