Ce très bon téléfilm, très sous-estimé d'ailleurs, raconte l'histoire vraie de
dix-sept adolescentes qui décident, à la suite d'un "pacte de grossesse", de tomber toutes enceintes en même temps, dans un lycée américain. Une blogueuse qui a vécu dans la ville où se passe l'histoire, Sidney Bloom, décide de venir enquêter à son tour pour comprendre les raisons d'un tel engouement à devenir maman... De leur côté, les futures mères-adolescentes vont comprendre que faire le choix d'élever un enfant n'est pas un jeu, que c'est très sérieux. Ainsi à Gloucester dans le Massachussets, 18 jeunes filles vont tomber enceintes au lieu de 3 ou 4 habituellement. Avant d'atteindre ce chiffre extraordinaire, une jeune journaliste blogueuse décide d'aller enquêter là-bas. Sidney Bloom a habité durant deux ans à Gloucester avant de quitter la ville pour la Floride, 12 ans auparavant. La jeune femme va se heurter au refus du proviseur et de son adjoint de communiquer sur le sujet, afin d'éviter tout scandale. Sidney se tourne alors vers les principales concernées, les jeunes filles enceintes. Et en particulier Sarah Dougan, dont la mère dirige l'association pour la préservation des familles, une association religieuse qui prône l'abstinence. La grossesse de Sarah va obliger sa mère et Sidney à s'interroger sur leurs conceptions de la maternité, de l'éducation sexuelle, des études... La mère de Sarah, protestante intransigeante, va finalement adoucir sa position, Sidney ne comprend pas Sarah et va s'interroger sur l'idée qu'elle se fait des envies qu'une fille de son âge doit avoir. Enfin Sarah va s'interroger sur la nécessité de son geste. Si elle est tombée enceinte, exprès, c'est avant tout pour retenir son petit copain, Jesse (Max Ehrich) qui veut l'épouser mais après leurs études. Car Sarah ne veut pas aller à l'université, ni attendre pour épouser son prince charmant, elle veut l'épouser tout de suite, à Gloucester et fonder une famille. En parallèle à cette histoire, Sidney revient sur son passé et ce qui l'a poussée à quitter la ville du jour au lendemain. Alors qu'elle était au lycée elle est tombée enceinte de son petit ami Brady Leary (David Clayton Rogers), mais elle se trouvait trop jeune pour devenir mère, alors elle a fait croire à Brady qu'elle avait avorté. En réalité ayant dépassé la durée légale pour avorter, elle a accouché en Floride où l'enfant à été adopté. Avant de quitter Sidney, Brady lui dit qu'il retrouvera leur enfant, mais elle refuse d'être prévenue. Sidney à avoué son secret, mais n'est pas plus soulagée de l'avoir dit. Il lui faudra encore sans doute du temps pour être en paix avec cette partie de son histoire
. Le film nous montre, encore une fois, que l'élément essentiel pour faire une bonne mère n'est ni l'argent, ni l'enthousiasme. Ce qu'il faut, c'est de la maturité, et Dieu sait qu'à dix-sept ans, cette maturité, on ne l'a pas, ou du moins pas assez pour élever un enfant ! C'est en cela que le film est intéressant. Il propose une réflexion sur le phénomène des "mamans-ados", qui fleurissent de plus en plus de nos jours à la suite d'accidents, souvent, mais parfois qui deviennent mamans de leur plein gré. La réalisatrice, sans juger ces personnes-là, propose une vision réaliste et objective du phénomène. Les actrices ainsi que les acteurs jouent bien leur rôle et surtout avec beaucoup de sincérité, et finalement, on se laisse convaincre malgré le scénario un peu bancal et la mise en scène pas toujours irréprochable. Production typique inspirée de faits réels, "Le pacte de grossesse" a de quoi retourner la tête. L'affiche aux faux airs de comédie à la manière "teen movie" cache en réalité un bon drame qui tient en laisse son sujet pour en comprendre les raisons à travers les yeux de cette blogueuse interprétée par la rare Thora Birch. Ici il n'y a pas de glorification de cette opération, ni de jugement moral auquel la réalisatrice aurait pu facilement céder. On a que des questions qui tentent de lever les rideaux sur un acte pris à la légère. Plus le film avance, plus le sens des réalités semble avoir quitté les esprits de certaines en découvrant leur attitude (Sarah, bonne élève, n'ambitionne rien d'autre que de devenir mère au foyer) ou celle du personnel scolaire à part l'infirmière qui déclare forfait devant tant de laxisme. Cela génère un malaise de plus en plus grand, nourri par une vision fantasmée de la maternité vite sabordée par un accouchement difficile avec points de sutures, nuits agitées et difficultés de gestion. Pire, ont-elles encore un avenir à construire au-delà de leur grossesse ? Il y a de quoi soulever le débat après le film pour conclure l'après-midi. Par ailleurs les personnages sont attachants, à part le groupe de copines de Sarah la jeune héroïne, qui sont juste des caricatures de nanas superficielles sans cervelle. Pour ma part le personnage de Sidney est très attachant et aussi très intrigant aussi, finalement. J'ai aussi beaucoup apprécié les personnages masculins de Jesse le mignon petit ami de Sarah, mais mon personnage préféré du film reste sans contexte Brady qui est un homme adorable, intelligent, gentil, doux, mature et qui en plus a une histoire vraiment intéressante (particulièrement dans sa relation avec Sidney). En conclusion, j'ai bien aimé ce téléfilm; et ce qui fait sa force n'est pas dans son scénario, ni dans sa mise en scène, mais dans le jeu des acteurs sincère et juste, et dans l'étude d'un sujet qui reste malheureusement encore, de nos jours, presque tabou... Un très bon téléfilm américain à voir sans hésitation