Interdit aux moins de 18 ans ! Un snuff shooté en scope ! Un extrême jusqu'ici jamais vu ! Y a pas à dire, on se passait tous le mot pour dire que A serbian Film était le nouveau must en matière de choc et d'horreur. C'était donc peu dire de ce qu'on pouvait attendre d'un tel objet. Les acteurs inconnus sont donc bons dans leurs rôles. L'histoire quant à elle est d'une simplicité enfantine : on assiste au tournage d'un porno qui va crescendo dans le raffinement, en filmant en parrallèle une vie de famille proprette (histoire de faire l'interface émotionnelle) à peine éclaboussée par la pornographie (des détails qui essayent de rendre les personnages plus humains et attachants). Cependant, il y a quelque chose à préciser dans le rapport que j'entretiens avec les films déviants. Je les apprécie pour ce qu'ils peuvent dire, et pour ce que la violence peut apporter (sur un plan exhacerbé) aux thèmes ou aux mythes qui sont développés. Or ici, la trame du scénario se contente de nous faire un simple crescendo dans le dévient et le malsain, en ne cherchant juste qu'à pousser le bouchon plus loin. Le problème de la violence, c'est qu'il faut savoir la gérer, la graduée, histoire de tout faire péter à la gueule du spectateur en dernière bobine (en un mot : transcender). Et ici, on sent une totale absence de contrôle de la part de son réalisateur, qui laisse partir ses scènes de snuff en caca(houette), sans en mesurer le moindre impact. Car une fois qu'on a dépassé la scène de viol ultime en milieu de film, plus rien ne choque. Plus encore, on perçoit alors le jeu du réalisateur, à savoir qu'est ce qu'on peut voir de pire maintenant (racoleur, comme méthode). Pas difficile à deviner, on grille immédiatement l'abomination finale, qui ne choquera même plus, et qui provoquera seulement un écoeurement impuissant devant une telle immoralité dépourvue du moindre enjeu ("c'est un film ! C'est un film !" ne fait pas un enjeu, désolé de faire la fine bouche, il m'en faut plus pour accepter un truc aussi gros). Regrettable choix du réalisateur de montrer les actions de la deuxième moitié du film (la première partie plante le décor et les atrocités à venir) sous forme de flash back, ce qui saborde la tension (ça s'est déjà passé, on n'y peut plus rien) La violence, sensée être catharsique, ne fait donc qu'assommer le spectateur, qui ressortira abasourdi d'un tel bordel (à tous les sens du terme), ne sachant par quel bout prendre ce rejeton filmique d'une glauquerie abyssale. Un tel jusquauboutisme, si il avait été plus travaillé, n'aurait pas été aussi vain.