Il est des soirs où une sorte de grâce inhabituelle vous touche; celui où j'ai vu The Warrior's Way en est un. On pouvait s'attendre à quelque chose de moyen et je voulais me détendre avec un film d'action. Je fus servi au-delà de mon attente car plus que l'action (au rendez-vous), je rencontrai une ambiance très réussie, une "atmosphère" même, une indéniable profondeur derrière un scénario sans réelle surprise, un film étonnant, dérangeant parfois tant il mêle les genres, les images, l'ultra-sophistiqué et l'épuré, le dépouillé.
Il est vrai que cette Asie-là me parle, elle qui parle de quête, d'absolu, de sérénité mainte fois recherchée et si rarement atteinte! Cette âme tendue vers un au-delà du monde fait de pureté, de lumière apaisante et d'inaltérable vide a des échos forts en moi - d'où sans doute une part de ma satisfaction, de mon plaisir... La voie du guerrier m'a toujours fascinée tant elle recèle de contradictions apparentes: l'accès à une sorte de perfection morale, d'intouchabilité absolue par les armes, le combat, le sang versé. Exemplaire ici est le cheminement intérieur, sinueux, tâtonnant, hésitant mais ferme cependant, inflexible, du héros qui est à la fois un surhomme combattant et un infirme émotionnel que la vie simple et rude des colons de l'Ouest américain va épanouir - comme les fleurs qu'il cultive, vivant symbole de sa floraison intérieure.
J'ai alors oublié l'histoire (intéressante), les décors (réussis), les acteurs (plutôt bons!), le sang versé et les larmes répandues pour me laisser porter par une esthétique très spéciale faite de plans colorés, aux ralentis contemplatifs, aux combats ritualisés et stylisés à l'extrême, ballets mortels dans lesquels fleurissent les roses de sang répandu. Incroyable et réussi mélange d'Orient et d'Occident, d'anecdotique et d'éternel, de personnel et d'intemporel, de kistch et de dépouillement, de rires et de larmes, le film est fort, marquant.
J'aime les films qui parlent d'éternité, de quêtes inassouvies, de chemins sans retour.