Premium Rush, nouveau film du scénariste David Koepp, connu pour son travail sur de nombreux films hollywoodiens (les deux premiers Jurassic Park, La Guerre des Mondes de Spielberg, Indiana Jones 4, Spider-Man, Mission : Impossible…), qui s’était déjà attelé au travail de réalisateur (notamment avec Hypnose et Fenêtre Secrète). Ici, Koepp désire suivre les traces de John McTiernan qui avait fait de New York (grâce à sa mise en scène et un scénario malin) un vaste terrain de jeu dans Une Journée en Enfer. Le divertissement de Koepp est-il de taille ? (ATTENTION, SPOILERS !!)
Le film s’intéresse aux coursiers à vélo qui risquent leur vie (on peut vraiment le dire !) dans les rues de Manhattan. Plus particulièrement à Wilee, jeune casse-cou qui va se retrouver pourchasser par un flic ripou qui désire récupérer le colis que le coursier doit livrer en temps et en heure. Franchement, c’est très sympathique de se plonger dans le milieu des coursiers à vélo. Encore fallait-il avoir un scénario qui puisse nous y aider. Hors, le script de Premium Rush est aussi minable qu’inexistant ! Un coursier qui, au lieu de sauver sa vie, décide de la risquer en livrant son mystérieux colis (un simple ticket qui vaut beaucoup d’argent, soit dit en passant), avec à la clé des problèmes « affectifs » qui concernent (comme par hasard) une « collègue » sexy, une rivalité avec un autre coursier qui va se faire voir pendant une course improvisée et inévitable en plein milieu du film (pour une durée de 10 minutes si ce n’est plus !)… sans compter que les personnages n’ont pas eu le droit d’être travaillé un seul instant ! Bref, du déjà-vu hollywoodien ! Et même, le scénario veut se montrer d’actualité en infiltrant dans ses lignes quelques sujets polémiques (« C’est la crise pour tout le monde, donc chacun pour soi », les relations entre la Chine et le Tibet) mais ajoutés de manière tellement anecdotique et pitoyable que l’on rigole à leur écoute plutôt que de se dire « Ah ouais ! C’est du film engagé, ça ! ». Même le méchant de l’histoire se montre ridicule au possible avec ses menaces à deux balles, son caractère psychotique dont on se serrait bien passé et la raison qu’il soit l’antagoniste du film (endetté par des jeux d’argent, donc je dois voler pour remboursé… du déjà-vu aussi !). Bref, un film qui se veut être un pur divertissement, rien d’autre. Mais là encore, Premium Rush déçoit grandement !
Un fait qui se résume tout simplement par le fait que David Koepp est scénariste (quoique sur ce film…) et non réalisateur. En effet, au lieu de nous sortir une mise en scène personnelle qui lui aurait sans doute aidé de faire apprécier son film, il pompe sur d’autres références du genre, sans jamais les égaler. Pour preuve, la nervosité des plans d’un Fast & Furious, faire de New York un terrain de jeu comme dans Une Journée en Enfer, le GPS virtuel aperçu dans L’Attaque du Métro 123 (dont Koepp avait participé au scénario), Wilee analysant des situations tel le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, un début qui retourne en arrière à la Memento… Rien de ce que j’ai vu dans ce film ne paraissait neuf et surtout bien plus élaboré que dans ces références. Même, en se voulant être une sorte « d’héritiers » de Tony Scott (par la nervosité des plans), le film ne parvient jamais à divertir comme il se doit, à cause de cette mise en scène qui n’arrive pas à décoller un seul instant. La faute à des scènes d’action peu exaltantes pour ne pas dire ennuyeuses et grotesques (des pirouettes anecdotiques, un final raté qui prend la forme d’une flash mob au lieu du course-poursuite mémorable, le héros descendant de son vélo en marche pour se laisser glisser sous une remorque de camion…), avec en plus des flashes-back vraiment inutiles (qui reviennent sur le « pourquoi » et le « comment » de ce qui se passe) qui gâchent au possible un rythme déjà pas terrible.
Quant aux acteurs, on ne pouvait espérer mieux (ironique d’après vous ?). Rien à dire sur Joseph Gordon-Levitt, certes moins impressionnant que dans (500) Jours Ensemble, Inception et The Dark Knight Rises, mais conserve son charisme. Pour les autres, ce n’est même pas la peine d’en parler : jeu d’acteur sans prouesse, se reposant sur les lauriers hollywoodiens et du cachet final. Par contre, je m’arrêterai sur Michael Shannon, grand comédien, qui semble s’amuser ici comme un petit fou, mais qui perd comme jamais son aura à cause de jouer les méchant aux grands yeux, aux répliques ridicules, aux caractères psychotiques qui fait pitié et aux tics vraiment bizarres.
Conclusion : Premium Rush se veut être un divertissement de plus à ajouter des chefs-d’œuvre d’action réalisés John McTiernan, John Woo, Renny Harlin, Simon West et autres Michael Bay. Mais le film de David Koepp n’arrive même pas à la cheville des plus mauvais films d’action, qui devrait plutôt persuadé son géniteur de retourner à l’écriture de qualité plutôt qu’à la réalisation.