Tom Cruise, l’infatigable baroudeur du cinéma populaire américain, triomphe une nouvelle fois dans le costume du héros improbable, dans un film à sa propre gloire. L’acteur surpasse allègrement le concept, s’affranchissant une nouvelle fois de toute ambiguïté, de tout rapprochement possible envers sa vie privée, et cartonne une fois encore dans une production spectaculaire qui n’aura rebuté ni les critiques ni le public. Edge of Tomorrow, malgré son intrigue bancale, fonctionne comme une montre suisse, porté qu’est le film par le charisme d’un comédien toujours alerte, toujours prédisposé à eux faire des tonnes tout en conservant son semblant d’humanité. En somme, le film de Doug Liman démontre à ceux qui ne le savaient pas encore que Tom Cruise est une machine de divertissement, une manne financière certaine pour les studios l’utilisant.
A l’instar de l’excellent Source Code, de Duncan Jones, Edge of Tomorrow, signé Doug Liman, pour rappel le metteur en scène du premier volet de la franchise Jason Bourne, pousse à l’extrême le concept du vivre, mourir et recommencer. En gros, par on ne sait quel prodigieux concours de circonstance, le personnage principal meurt sur le champ de bataille et revient incessamment à la vie vingt-quatre heure au préalable. L’acteur, dont le jeu évolue de combattant inexpérimenté tétanisé par sa peur à celui de guerrier aguerri et héroïque, livre une prestation physique majeur, aux côtés de la ravissante Emily Blunt, elle aussi pleinement concernée par le projet. L’évolution des deux tourtereaux, qui avaient tout pour devenir stérile, est pour le moins captivante.
En effet, le concept de l’éternel recommencement étant casse-gueule, il fallait user de certains subterfuges scénaristiques pour ne pas tomber dans la répétition. Le réalisateur et le scénariste semblent s’être très bien acquittés de leur missions du fait que jamais le film ne semble ennuyeux ni répétitif. Si le réalisation est soignée, si les acteurs sont bons, rien n’est pourtant vraiment limpide dans cet usage aléatoire de l’espace-temps, clairement le point faible d’une production pourtant honorable.
Doug Liman, Tom Cruise et les producteurs, malgré quelques errements, osent pourtant la nouveauté, à une époque où l’industrie mise sur le renouvellement. On ne peut dès lors que leur tirer notre chapeau, d’autant que le travail technique sur Edge of Tomorrow est diablement efficace. En effet, les effets CGI, les cascades qui s’enchaînent ici, à l’exception de certains plans de la séquence finale, sont tout simplement remarquables. Ce débarquement, que l’on revit une bonne dizaine de fois, sur une plage normande, référence oblige, est tout simplement un très beau morceau de cinéma spectaculaire contemporain, la 3D, pour une fois, aidant à l’immersion. Le spectacle est donc garanti. 14/20