De guerre lasse, ayant roulé sa bosse dans le film d'action décérébré ("Mr and Mrs Smith") et le genre de l'espionnage digne d'un grand cru ("La mémoire dans la peau"), Doug Liman s'empare d'un roman japonais ("All you need is kill") et fait vivre une journée à l'infini à Tom Cruise, ou comment après un contact avec un extraterrestre un humain peut recommencer éternellement une même journée. Vivre, mourir, recommencer, tel est le dicton qu'emploient le réalisateur et les scénaristes, ce qu'un Philip K. Dick n'aurait pas renié. Mais ici, exit l'âme torturé d'un Schwarzenegger qui engage ses doublures pour les séquences d'action, nous avons bien un Tom Cruise au top de sa forme qui effectue lui-même ses cascades. Chapeau l'artiste ! D'autant qu'il nous fait recommencer interminablement la même journée d'une autre manière à chaque fois avec son humour bien à lui, pince-sans-rire et donc appréciable. Ce qu'il faut savourer à partir d'ici, c'est bien la façon dont les journées s'enchaînent. Bien que le scénario soit maîtrisé, ces retours dans le temps s'effectuent avec une baisse de régime au milieu du film pour mieux nous imprégner des effets (visuels et spéciaux) lors des scènes de débarquement (digne de "Il faut sauver le soldat Ryan" tellement le réalisme est de mise) et du final qui n'en finit pas d'appuyer sur ces fameux effets qui tombent sans vergogne dans des invraisemblances comme on en retrouve dans les duels finaux à la James Bond. Tom Cruise sauveur de l'humanité, oui, mais à la Bruce Willis et Pierce Brosnan. Pas mal, pas mal... .
Dans le genre post-apocalyptique, Doug Liman n'y va pas dans la dentelle puisque la science-fiction l'emporte sur des scènes d'action étonnantes de roublardise. Doug prend bien le temps de poser son sujet (attaque d'extraterrestres) pour ensuite se concentrer sur les (més)aventures de l'homme qui ne meurt jamais et d'Emily Blunt (révélée par "Le diable s'habille en prada" aux côtés de Meryl Streep), fade au possible dans son interprétation. Les seuls seconds couteaux qui ont retenu mon attention sont le regrétté Bill Paxton (véritable gueule des 90's : "Aliens, le retour", "Apollo 13", "Twister"...) et l'identifiable Brendan Gleeson (qui s'est d'abord imposé dans les films historiques -"Braveheart", "Gangs of New York"- avant de camper des personnages nordiques -"Bons baisers de Bruges", "L'irlandais"-).
Dans cet imbroglio (film de science-fiction et blockbuster), Doug Liman se perd un peu, en oublie l'épaisseur psychologique (malgré un scénario tendu à l'extrême) se concentrant davantage sur le suspense que va dégager les aventures dans lesquelles se sont empêtrés l'acteur révélé par "Top gun" et Emily Blunt.
Pour résumé, "Edge of tomorrow" remplit son contrat estival 2014 : blockbuster divertissant. Il reste néanmoins ce petit bijou de science-fiction car la technique du voyage dans le temps (maintes fois reprise, il est vrai) fait sa petite révolution le temps d'une journée qui n'en finit décidément jamais.
Si vous êtes en fin de vie spectateurs dopés à la testostérone, flinguez vous !