Oho, la bonne blague !! Le Piranha 3D de notre réalisateur national de films d’horreur Alexandre Aja (à qui l’on doit notamment le remake de La Colline à des Yeux et Mirrors) a droit à une suite, inédite dans nos salles. Déjà qu’on s’y attendait pas du tout, le fait que ce film sorte directement en vidéo est en plus mauvais signe. Que peut alors nous offrir ce Piranha 3DD de plus que nous avait déjà livré l’opus précédent ? (ATTENTION SPOILERS !!)
Un an s’est déroulé depuis le carnage au lac Victoria (pour rappel, des étudiants s’étaient faits grignoter par des piranhas préhistoriques), laissant ainsi les lieux à l’abandon. Aujourd’hui, c’est au tour du Big Wet Water Park de vivre la même chose, ce parc d’attraction étant pourtant situé bien loin du lac Victoria. Le Piranha d’Alexandre Aja n’avait rien de sérieux (d’où son statut de comédie d’horreur). Un véritable déballage de conneries scénaristiques qui mettaient en avant de l’hémoglobine à gogo et du sensuel plein les yeux. Bref, du trash assumé à 500% ! Et cela marchait, enfin… un peu ! Là, cette suite reprend bien évident le concept mais en prévenant le spectateur que, cette fois-là, ça sera bien pire ! Un titre portant le « sigle » 3DD n’est pas là que pour confirmer que l’effet relief sera de qualité. Non ! 3DD (Double D) veut bien entendu dire : deux fois plus de tripaille, deux fois plus de morts, deux fois plus de cul, deux fois plus de seins à l’air secoués dans tous les sens… mais aussi deux fois plus de débilité. Que dis-je, dix fois plus ! Si j’avais du mal à fermer les yeux sur des scènes du premier film (le poisson avalant un pénis pour le recracher après, par exemple), là, j’aurais bien aimé fermer les yeux dès le début. Après un début sexy qui annonce la couleur, le ridicule pointe le bout de son nez. Et les séquences grotesques s’enchaînent à une vitesse folle : un cadavre de vache pétant des œufs et qui explose parce qu’un bouseux approche son briquet, un mec se masturbant avec une canalisation de piscine, un bébé piranha se faufilant dans le vagin d’une fille et qui passe à l’action quand celle-ci couche avec un mec le lendemain… Mais la palme va au retour du personnage de Ving Rhames qui, étant bouffé jusqu’au bassin dans le film précédent, flingue du piranha avec un fusil à la place de la jambe ! Robert Rodriguez est-il un scénariste ou est-ce un mauvais clin d’œil de Planète Terreur ? Pas sûr, car même lui n’aurait pas repris la mythique scène de la baignoire dans Les Griffes de la Nuit de la sorte ! Mettez sur le compte des personnages incroyablement cons (l’héroïne retournant dans l’eau en pleine nuit alors qu’elle est au courant de ce qui se passe).
Des personnages qui ne sont pas aidés par leur comédien respectif. Je veux bien croire que Piranha 3DD ne se prend pas au sérieux. Mais même, cela n’empêche pas les acteurs d’être crédible dans la connerie. Hors, aucun des branquignoles de cette distribution n’arrive à capter notre sympathie à leur égard. Et ce n’est pas des anciens des 80’s qui changeront la donne, comme Christopher Lloyd (il est bien loin le temps de Retour vers le Futur) ou encore Gary Busey. Ving Rhames, n’en parlons même pas ! Danielle Panabaker et ses collègues du même âge sont de véritables têtes-à-claques. Mais ils ne sont rien à côté de David Hasselhoff, en pleine autoparodie de lui-même et d’Alerte à Malibu, qui nous fait grandement regretté le temps de cette série et de K2000. Une guest star dont on se demande encore pourquoi elle participe à ce carnage.
Même du point de vue technique, c’est le massacre ! Effets numériques pathétiques, mise en scène nullissime, bande originale à vomir… Rarement on ressent de la jouissance ou de l’horreur (au choix !) lors de « l’attaque » des piranhas au parc d’attraction, le film ne retrouvant pas la grande efficacité de la séquence de boucherie du premier film (ce qui faisait d’ailleurs le « succès » de ce dernier). Pour plus de gore, on a bien l’impression de voir moins de tripaille et de sang. Mais plutôt des gros plans en ralenti sur David Hasselhoff… Et que dire des effets 3D… ? N’ayant pas vu l’effet relief, je me permets néanmoins de critiquer la mise en scène grotesque de ces séquences : poisson qui saute d’un seul coup, Gary Busey recrachant en l’air la tête d’un piranha qu’il vient de croquer… Bref, c’est nul, c’est moche, c’est gerbant !
Je n’ai plus grand-chose à dire de ce Piranha 3DD. Juste que cette suite est la preuve que, à vouloir en faire plus, cela rend le résultat pitoyable. Le film d’Alexandre Aja était ce qu’il était, ne se cachait pas mais se montrait efficace. Là, c’est bon pour la poubelle ! En espérant que les producteurs et scénaristes (auteurs de Saw 3D, pour donner une référence) ne soient pas assez débiles pour faire un 3, malgré un final qui s’y prête (avec la plus mauvaise excuse du monde : les piranhas évoluent, ils MARCHENT ! Limite les poissons volants du Piranha 2 de James Cameron étaient bien plus crédibles !!).