Cela faisait déjà 10 ans depuis le dernier Miyazaki (que le temps passe vite) et forcément lorsqu'il annonce reprendre du service on est tous très intrigués. Malheureusement je n'ai pas forcément retrouvé ce que j'aime dans son cinéma d'habitude, à savoir une certaine simplicité. Je veux dire tout peut être assez délirant, dans un univers fantastique, mais on a malgré une certaine simplicité dans les relations entre les personnages, dans les thèmes évoqués, ce qui rendent ses films universels et touchants.
Là j'ai quand même l'impression que ça part surtout dans tous le sens, qu'il y a deux films dans le film et par moments j'ai cru être devant un Masaaki Yuasa mais en moins bien. En fait j'aime beaucoup l'ouverture du film, ça commence in media res et ça coupe tout aussi brutalement pour passer à autre chose, mais ça a l'avantage d'être marquant.
Toute la partie qui s'en suit fait très conte, on a un garçon dont le père va se remarier, qui va devoir déménager et qui se retrouve dans un endroit un peu étrange avec ce fameux héron dont on ne sait pas bien s'il est gentil ou méchant mais qui en tous cas est réellement inquiétant. Malheureusement j'ai trouvé toute cette partie assez mal rythmée, j'ai l'impression qu'il manque du temps de développement pour tous les personnages et notamment dans la relation entre le héros et sa belle mère. Finalement on ne sait pas trop s'il l'apprécie ou pas, on dit des choses sur leur relation mais on ne le voit pas, ça ne se ressent pas et c'est dommage. Tout ça va trop vite, l'inquiétude générée par le héron n'a pas le temps d'exploser et en même temps c'est la partie du film où j'ai clairement regardé ma montre...
On est dans un entre deux un peu bâtard, où toute cette partie aurait mérité d'être beaucoup plus développée ou bien passée en vitesse. On note aussi quelques passages un peu redondants et peu inspirés avec notamment le héros qui trouve un livre qui était ouvert pile à la bonne page pour qu'il le remarque et qui se met à commenter ce qu'on a déjà eu l'occasion de lire sur le bouquin, c'était pas la peine d'en rajouter comme ça. Et ça me fait la même chose avec la musique, à plusieurs reprises la musique (qui par moment est belle, il n'y a pas de soucis avec ça) vient s'ajouter à une séquence déjà forte en émotions et qui n'avait pas besoin qu'on sursignifie le tout avec de la musique. Le bruit du vent, de l'herbe ou des vague aurait largement suffit. Et c'est ce qui manque au film, que lors des moments d'émotion le film s'arrête et prenne le temps de se poser un peu au lieu d'aller à cent à l'heure.
Car tout à coup alors que je baillais gentiment le film s'accélère et part totalement en couille dans un univers fantasmé, avec des règles étranges dont on peine à comprendre les règles (et c'est pas très grave). Disons qu'à ce moment là le film a regagné mon intérêt parce qu'on sortait clairement des sentiers battus, c'est un nouveau film qui commence, auquel on ne s'attendait pas (et avoir un film qui parvient à cacher vers quoi il se dirige c'est assez fort), avec plein d'idées tant narratives et que visuelles.
D'ailleurs tant que j'aborde le visuel, je dois dire que techniquement le film fait déjà un peu vieillot, l'animation est très saccadée et heureusement qu'il y a une certaine inventivité visuelle, notamment dans le design des personnages (le héron !!!)
Mais voilà, cette seconde partie vient pour moi rattraper l'ensemble avec son côté bordélique et délirant où on ne sait jamais ce qu'il peut bien se passer ensuite. J'aime beaucoup la conclusion du film, voire ce qui est même sa thèse, c'est qu'on oublie l'enfance et toutes les choses extraordinaires que l'on a vécues. Il y a un côté doux amer à cette fin et en même temps elle est assez abrupte pour secouer son spectateur, ça ne s'éternise pas.
Il faut rajouter à ça que le film est le pendant "enfantin" de Le Vent se lève, puisque cette fois c'est le père (que l'on voit très peu) qui participe en tant qu'industriel à la conception d'avions pour l'armée japonaise pendant la seconde guerre mondiale et on a le point de vue du fils. Fils qui s'offre une parenthèse mi cauchemardesque mi enchantée durant la guerre.
En somme si je ne suis pas tout à fait convaincu, notamment par le début du film où j'en aurais voulu plus (ou beaucoup moins), la seconde partie du film nous plonge dans des abimes de perplexité, tout en étant un émerveillement constant.