Au cinéma, cet automne, il se passe un phénomène étonnant avec la prolifération d’œuvres réalisées par des octogénaires, et pas des moindres : Bellocchio, Scorsese, Loach, Allen, Arcand, Schroeder, R. Scott, Miyazaki, ... Avec une question qui revient inévitablement : sont-ce des films testamentaires ? En ce qui concerne le maître japonais de l'animation, Le garçon et le héron, tous les exégètes vous le diront, ressemble à un film-somme de sa carrière, avec un fort symbolisme de ses personnages et des événements marquants de son existence. Mais ce que l'on espère d'un long-métrage de Miyazaki tient toujours en quelques mots : de la magie, de l'enchantement et de l'émotion. Le contrat sera sans doute rempli pour certains mais pas pour tous, y compris parmi les admirateurs les plus fervents du cinéaste. Après un début réaliste très prenant, le film dérive ensuite vers un monde fantastique et merveilleux, comme une version particulière d'Alice au pays des merveilles, qui semble quelque peu opaque et aux péripéties imprévisibles. Visuellement, c'est somptueux mais narrativement moins convaincant, même si apparaissent très lisiblement des thématiques familières : l'enfance, l'apprentissage, la maternité, la mort, la transmission, etc. L'on navigue en permanence au sein d'un bestiaire envahissant dans lequel les oiseaux de malheur abondent. Le regret est de ne pas être touché profondément et durablement par cette fantaisie sérieuse qui oscille entre l'optimisme et le pessimisme. Le garçon et le héron est digne d'admiration mais l'exaltation n'est pas à la hauteur des attentes.