Il ne faut pas se fier au synopsis et son impression de film auteurisant qui se prend trop au sérieux alors que c'est raté. Et puis bon le titre du film quoi : sport de filles. Avant de le voir j'avais plus envie de faire des blagues sur ce que dirait Freud du fait que les filles aiment chevaucher des beaux, grands et puissants chevaux. Mais bon. Je l'ai quand même vu ce film, sans doute poussé par la bonne critique des cahiers.
Et si je ne dirai pas que le film est parfait, loin de là, c'est tellement beau. Rien que dans les premières minutes alors que j'avais encore cette idée que le seul endroit où j'aime le cheval c'était dans mon assiette, limite j'aurai pu pleurer parce que Hands se voit prendre son cheval. Et puis moi les animaux hein… surtout au cinéma, je ne vous dit pas ce que j'en pense. Mais je ne fais pas parti de la fondation Brigitte Bardot, si vous voyez ce que je veux dire. Procédé larmoyant ultra facile. Aussi facile que faire chialer en foutant un gosse mourant les violons à fond.
Sauf que non, la réalisatrice arrive à garder une sensibilité, une pudeur, une réserve. Et du coup c'est là que l'émotion va naître, parce que justement on en fait pas trop. C'est juste un cheval qui part, mais on est du point de vue de Hands, on directement, par des petits riens on sent qu'elle y tient et du coup, ben ça nous touche.
Alors Hands, elle est magnifique, je ne suis pas certain que dans Lady Chatterlay elle ait été aussi belle (à vérifier), mais j'ai toujours l'impression qu'elle joue des connasses, toujours très autoritaire, et je ne suis pas forcément un grand fan de ses personnages (pas de l'actrice, mais bien de ses personnages) et là ça ne manque pas. Et pourtant elle donne quelque chose que je ne l'avais pas vu donner (si ce n'est dans Lady Chatterlay). On sent qu'elle en veut durant tout le film, j'ai directement pensé à Rosetta (on comprendra pourquoi), mais on en est peut-être pas loin au niveau du personnage.
Mais le personnage le plus intéressant ce n'est pas elle, c'est bien ce vieux schnock joué par Bruno Gantz qui est profondément touchant lui aussi. Il est manipulé, exploité, il en a marre, il est complètement soumis par sa femme jouée par Balasko (étonnement bonne) et on a là un vrai personnage de cinéma.
Et les deux, Hands et Gantz vont se tourner autour, tenter de s'apprivoiser, de s'impressionner et le film le rend magnifiquement bien. Je pense à la séquence finale, je veux dire c'est extrêmement fort de voir Hands regarder Gantz et on sent qu'il se dessine une émotion sur son visage. Ou bien lorsque avant on a vu Hands lorsque Gantz lui fait un compliment avoir une mini larme à l'oeil, mais montrée avec suffisamment de pudeur et de respect pour le spectateur pour que ça fonctionne.
Et tout le film arrive à avoir ces moments qui sont vrais, justes et beaux et pourtant la mise en scène n'est pas une mise en scène de virtuose, au contraire, elle est simple et ça sert complètement le film qui ne perd jamais de vue ses personnages, leur état d'esprit. Et ça, c'est touchant.
Il faut également noter la bande son qui est totalement en porte à faux vis à vis du monde du cheval, c'est une bande son rock planant, parfois un peu plus violent, qui vient tout de suite donner un autre sens aux images gracieuses d'Hands sur son cheval, on n'est pas dans la prestation, mais dans une sorte de combat, de victoire, d'accomplissement.
J'aimerai parler également d'une scène que je trouve très belle il s'agit d'Hands dans son camion qui récite inlassablement ce qu'elle veut faire avec son cheval et la scène dure, dure, on est comme elle, hypnotisé par sa passion, par son ambition, par son cheval. C'est beau.
Alors pour les défauts je dirai que certaines séquences commencent de manière un peu étranges, parfois un peu surréalistes et du coup ça pourrait sortir du film, alors elles ont un sens, mais elles dénotent un peu du reste. ça serait mon bémol. Je pense qu'en voyant le film on verra de quoi je veux parler.
Mais ça reste sans doute l'un des plus beaux films de l'année, facilement.