Patricia Mazuy tourne peu, mais bien, en général (Peaux de vaches, Saint-Cyr,...). Sport de filles est le genre de film qui préfère les angles aigus à la rondeur et qui ne tend pas la joue pour qu'on l'embrasse. Prenez son héroïne, Gracieuse, qui est tout l'opposé de son prénom : elle est farouche, instinctive, revêche, monomaniaque. Elle aime bien plus les chevaux que les humains. Grâce à elle, nous pénétrons dans le petit monde du dressage, microcosme impitoyable dans lequel les rapports de séduction, de soumission, d'humiliation rendent l'atmosphère délétère. Non, le film de Mazuy n'est pas la femme qui murmurait à l'oreille des chevaux, loin s'en faut. Son aspect fruste, naturaliste, théâtral souvent, et son scénario qui semble aller nulle part font douter longtemps de sa capacité à capter notre intérêt (à moins d'être un amoureux des équidés, évidemment). Et pourtant, peu à peu, entre les vieux chevaux de retour (Balasko, étonnante ; Ganz, magnifique) et la tête de mule (Hands, impeccable), la relation se fait animale et les enjeux apparaissent dans toute leur intensité. Alors que la deuxième partie laisse à penser que le film va tomber dans le syndrome Billy Elliot, c'est un affrontement radical et rugueux entre la (presque) élève et le maître que la réalisatrice met en scène dans un très beau final où la violence et la tendresse se rejoignent. Commencé au trot, Sport de filles se termine au galop. Hop là !