Quand on sait que le scénario de ce polar au pitch très prometteur est signé Jean-Christophe Grangé, on se doute qu’on va avoir droit à une intrigue bien menée, structurée et prenante, angoissante au possible comme dans ses romans, et franchement, de ce point de vue là, on n’est pas déçu ! Le piège qui se referme sur la pauvre Sophie Malaterre semble tellement parfait qu’on se demande comment diable elle va pouvoir s’en sortir. Bon, je vous accorde que le truc de la victime accusée à tort par des flics qui ne veulent rien entendre, c’est pas super-original. Et le coup du flic, un peu plus intelligent que les autres (notez que je n’ai pas dit « moins con que les autres » !) qui finit par se poser enfin quelques questions, ce n’est pas très inédit non plus… Mais jusqu’au ¾ du film, ça fonctionne très bien et on est très pris par cette histoire d’usurpation d’identité. Mais quand on connaît bien Grangé on craint aussi vaguement qu’il ne retombe dans ses petits travers et qu’à la fin, son scénario ne dérape vers le « too much », le « trop tordu », le « pas crédible », comme dans ses romans, et franchement, de ce point de vue là, on n’est malheureusement pas surpris ! Parce que ce qui aurait pu être un super polar sur un nouveau genre de fléau (l’usurpation d’identité) sombre à la fin dans une explication presque improbable de vengeance qui n’est pas sans rappeler « Les rivières pourpres ». En plus, certains aspects du film ne sont pas très clairs au final (le rôle du bellâtre iranien par exemple) ou pas assez développés pour être vraiment pertinents. La réalisation de Pierre Shoendoerffer est efficace, on lui pardonne quelques effets de caméra faciles et un peu énervants pendant la grande (et inévitable, selon le cahier des charges des polars) course poursuite. L’interprétation est tout à fait honnête, le jeune Karine Vanasse en tête… Non, vraiment sans cette fin presque improbable, on serait devant un polar de très grande qualité ! Dommage que cette impression finale soit si mitigée : le problème des coups de théâtres finaux, c’est… qu’ils arrivent à la fin de film ! Du coup, s’ils sont moyens, la dernière impression quand on quitte la salle est forcément mitigée !