Là, il semblerait bien que la saga Godzilla tourne en rond. Et pour cause, nous avons l’impression d’être revenu au même point que pour Invasion Planète X : que peut nous offrir un opus de plus après un tel délire scénaristique, qui dépassait toutes les limites de la crédibilité (science-fiction, soucoupes volantes…) ? Surtout que Les envahisseurs attaquent avait mis la barre bien plus haute qu’Invasion Planète X. En ne passant pas par quatre chemins, allant directement à l’essentiel : voir tous les kaijus existants réunis pour une belle baston, orchestrée par une invasion extra-terrestre. Alors oui, que peuvent nous amener le réalisateur attitré de la série, Ishirô Honda, et ce Godzilla’s Revenge (inédit en France) ?
En général, on aimerait souvent qu’une saga se contente de son premier épisode. Tant les suites ne l’égalent que trop rarement. Mais en ce qui concerne ce Godzilla, cela n’a jamais été aussi vrai ! Rien qu’en lisant le synopsis, l’arnaque est déjà là ! Soit les mésaventures d’un petit garçon, souffre-douleur d’une bande de petits chenapans (l’utilisation de ce terme est voulu, tant l’ensemble va dans cet esprit) et qui fait équipe dans ses rêves avec un Minilla parlant (???) pour aider Godzilla à vaincre Gabara, un monstre qui terrorise leur île. Des songes qui vont servir de leçons de vie pour le garçonnet, qui va devoir les exploiter quand il se retrouve un jour kidnappé par des braqueurs de banque. WHAT ????
Attendez attendez… Le film s’appelle Godzilla’s Revenge. C’est un long-métrage faisant partie de la saga Godzilla. Donc nous voulons voir Godzilla, point ! Pas les problèmes d’un petit rêveur dont on se fiche royalement ! Et dont le sujet peut être traité par le drame, la comédie… mais pas par un film Godzilla ! D’autant plus que le célèbre monstre n’apparait pas vraiment, vu qu’il ne s’agit que d’un simple rêve. C’est plutôt les aventures de cet enfant, aidé de Minilla, le kaiju le plus détestable créé par la société Toho (alors, s’il se met à parler en plus…). Du coup, nous avons l’impression de s’être fait pigeonner comme ce n’est pas possible ! Comme le fera plus tard, pour donner un exemple, Vendredi 13- Chapitre 5 : Une nouvelle terreur (pendant tout le film, on voit le célèbre tueur Jason Voorhees, pour apprendre à la fin que finalement, ce n’était pas lui mais une autre personne qui se faisait passer pour le psychopathe). Et encore, si c’était bien fait, nous aurions pu légèrement fermer les yeux devant tant de foutaises.
Mais même sur le plan technique Godzilla’s Revenge se présente à nous tel un foutage de gueule monumental ! Du point de vue visuel ? Franchement, c’est la même chose depuis quelques films, donc nous n’allons pas nous attarder dessus. Mais c’est le montage qui se révèle être la grosse arnaque du moment ! Même s’il ne s’agit que de rêves, on voit tout de même Godzilla se battre contre Gabara. Un nouveau kaiju que nous oublierons rapidement. Pas qu’il soit aussi pitoyable que Minilla, juste qu’il est ridiculisé par un rugissement (si l’on peut qualifier cela ainsi) qui ressemble bien plus à un gloussement qu’à autre chose ! Mais aussi, notre gros lézard se frotte également contre… l’écrevisse Ebirah et l’araignée Kumonga ! Non pas que le problème soit dans le fait que Godzilla réaffronte ces adversaires-là (dans ce cas, nous aurions déjà critiqué ses nombreux faces-à-faces avec Ghidorah). Ce qui dérange néanmoins, c’est qu’il s’agit des mêmes séquences, tirées des films Godzilla vs. The Sea Monster et Le Fils de Godzilla. Où est l’intérêt de recycler de la sorte, franchement ?
Ne reste plus donc qu’un combat « inédit » contre Gabara (qui va tout de même jusqu’à réutiliser d’anciennes scènes vues dans les autres films) qui ne fait pas vraiment pas d’étincelles. Ou encore ses mésaventures du petit garçon qui ennuient grandement. Faisant de Godzilla’s Revenge un très, très mauvais Maman, j’ai raté l’avion. Drôle de comparatif, me diriez-vous ? Pas tant que cela, vu que le film n’a clairement rien d’un Godzilla !
Donc, nous avons la réponse : que pouvait bien nous apporter un nouvel opus après le délire du film Les envahisseurs attaquent ? Une bouse démesurée, tout simplement ! Ce qui manquait à la saga (même King Kong contre Godzilla n’arrive pas à un tel degré de n’importe quoi, c’est pour dire !). D’autant plus décevant que ce film est réalisé par Ishirô Honda, le cinéaste qui suit notre gros lézard depuis ses débuts et ceux des autres kaijus. Qu’a-t-il bien pu lui passer par la tête pour nous livrer cette blague et/ou faire confiance aux producteurs et scénaristes pour laisser faire une telle chose ? Nous ne le saurons peut-être jamais !