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Patrick Braganti
92 abonnés
408 critiques
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1,0
Publiée le 20 septembre 2011
Marino Pacileo, le héros d’Un tigre parmi les singes, campé par un Toni Servillo grimaçant et muet en faisant des tonnes, est tellement détestable dans ses agissements que l’incapacité à éprouver la moindre sympathie à son encontre finit par rejaillir sur tout le film, laborieux et inintéressant. Aussi bien dans ses fonctions de comptable d’une prison napolitaine que dans ses activités de joueur au cours desquelles il rencontre la jeune chinoise Lila dont il tombe amoureux, il montre la même arrogance et le même dédain silencieux, voire mutique dont on ne sait pas bien à quoi nous devons les attribuer : mal-être, misanthropie ou blessure ancienne. Comme aucune clef ne nous est fournie, on se contente d’assister, agacés et ennuyés, aux manœuvres malhonnêtes du joueur couvert de dettes à la violence rentrée prête à surgir à tout moment. Stefano Incerti fait coexister un univers froid et violent (la prison et les tables de jeux) avec une bluette improbable au gré des échappées dans la galerie marchande de l’aéroport ou le zoo municipal. Mais cela ne parvient jamais à rendre crédible, et encore moins touchante, l’idylle entre la serveuse timide et celui qu’elle désigne comme un tigre, pourtant défiguré par ses grimaces simiesques et un éternel regard exaspérant de chien battu. Sur à peine quatre-vingt dix minutes, le film réussit le triste exploit de multiplier des séquences identiques, réduisant à néant l’intrigue dont l’issue grotesque ne dénature pas l’ineptie de l’ensemble.
Malgré son ambiance singulière qui doit beaucoup à une musique quasi lyrique totalement inattendue), « Un tigre parmi les singes » ne séduit pas totalement. Cette plongée dans les enfers du jeu et de l’endettement, de l’autodestruction par les cartes, vaut toutefois le coup d’œil pour sa mise en scène, empreinte d’un classicisme plutôt agréable à suivre, mais surtout percutante. De même, Toni Servillo, par son physique hallucinant, apparaît comme un choix évident pour interpréter le rôle principal d’un comptable, joueur compulsif, piégé par un vice qu’il ne contrôle plus. L’acteur retrouve ce héros asocial, caractérisé par le mutisme, qui l’avait révélé en France dans « Les conséquences de l’amour ». Toutefois, alors que chez Sorrentino il était bouleversant dans une relation passionnelle qui le conduisait irrémédiablement à sa perte, ici l’on reste nettement plus partagé par l’histoire d’amour qu’il développe avec le personnage de Lila, la fille d’un restaurateur chinois. Elle monopolise l’action, affadit l’intrigue et manque de crédibilité. Certaines scènes et la volonté de filmer avec peu de dialogues donnent néanmoins une réelle personnalité à ce « Tigre parmi le singes », l'un des bons drames sortis en 2011 au cinéma.
Inspiré d’un fait divers, Stefano Incerti en restitue un drame poncif où la sobriété et l’économie de dialogue nuisent gravement au film, ainsi que la mise en scène mollassonne qui finie par ennuyer plus qu’autre chose. C’est d’autant plus frustrant qu’avec Toni Servillo dans le rôle titre, on était en mesure de s’attendre à un film digne de ce nom. Celui qui nous avait bluffé dans Gomorra (2008) & Il Divo (2008) confirme ses talents d’acteur mais en impose beaucoup trop par rapport au reste de la distribution, si bien que l’on finit clairement par se désintéresser des autres protagonistes.
On aimerait sauver quelque chose de cet italien "Tigre parmi les Singes", au nom d'une originalité de ton revendiquée, mais à vrai dire quoi ? Cette irrésistible descente aux enfers de Marino Pacileo alias "Gorbaciof", comptable d'une prison napolitaine, mutique et violent (le "Tigre") parmi les "singes" (un peu tout le monde en fait, sa jeune protégée chinoise exceptée), de petits trafics en grosses malhonnêtetés, jusqu'à une mort dérisoire, ne suscite jamais l'empathie, ou même l'intérêt. Toni Servillo (qui nous avait habitués à mieux) nous livre une interprétation outrée en "tigre", et on ne peut donc même pas racheter ce (gratuitement) déconcertant (et très ennuyeux) film de Stefano Incerti du chef de son interprétation !