Une production de Tim Burton qui avait tout d’une farce mais qui, après avoir fait connaissance, n’est peut-être pas aussi dénuée d’intérêt que l’on aurait été tenté de penser. Si le traitement s’avère tout de même trop léger, la manière un peu trop expéditive, le fond, lui, est intéressant. Oui, le mélange entre histoire et mythes de science-fiction ou horrifiques, instauré tambours battants par Cowboys et envahisseurs, pourrait s’apparenter à une sorte de brise fraîche sur un horizon cinématographique qui prend souvent des teintes pâlottes. Non pas que ces films soient remarquables, ils sont chacun un peu mal goupillé, mais il laissent entrevoir quelques perspectives amusantes de comment orienter intelligemment de la fiction dans une réalité d’époque, accentuant du coup l’attrait et élargissant un tout petit peu le public visé.
Ici, place à Abraham Lincoln, l’icône américain de la démocratie, de l’abolition de l’esclavage et de toutes valeurs morales si chère au peuple de l’Oncle Sam. Dans cette version, le président adoré n’est ni plus ni moins qu’un chasseur de vampires, dans un premier temps, pour ensuite endossé la double casquette, politicien et justicier. Les maux de l’Amérique d’antan, divisée entre l’union et les sudistes, sont ici clairement définis comme le royaume du bien et du mal. D’un côté une Amérique en pleine construction, de l’autre, de vilains vampires symbolisant l’esclavage, le profit personnel. La guerre est donc à double tranchant pour l’ami Abraham, qui se bat politiquement, mais aussi personnellement, prenant un peu la succession d’un certain Van Helsing, combattant le monstre au profit du mortel, de nous autres. Pourquoi pas.
Oui, si l’aspect historique est selon les dires, relativement bien respecté, l’on en apprendra plus avec Spielberg en janvier 2013, Timur Bekmambetov, suite au succès de Night Watch et autre Numéro neuf et ayant la confiance de Tim Burton, part dans un délire propre aux films de genre, ne respectant cependant que peu de codes propres à ces mêmes films. Le cinéaste russe et son équipe mettent l’accent sur le spectacle, grimant leur acteur principal d’un visage trop peu naturel, tentant de le maquer en une sorte d’effigie de l’ami Abraham, nous balance de nombreuses confrontations esthétiquement réussies entre le chasseur et les créatures, plus humaines qui jamais pour peu qu’elles ne tirent pas la tronche. Le final, sur un train à vapeur, est le reflet de la qualité visuel du film, impressionnant en version DVD sur petit écran de chambre, douteux sur un disque Bluray et autres grands écrans. Bref, si les prises de vues sont satisfaisantes voire même excellentes, la qualité de l’arrière-plan laisse à désirer.
Quelque part entre le mauvais et le réussi, Abraham Lincoln, chasseur de vampire, est à l’image de toujours le même Cowboys et envahisseurs, un film audacieux, curieux, mais n’atteignant jamais la qualité que l’on serait tenté d’attendre. Ici, cependant, le casting est plus modeste, le budget moins ambitieux et le réalisateur un peu moins connu de tous. L’on serait donc plus facilement tenté de pardonner ses fautes à un Timur Bekmambetov qui fera sans aucun doute carrière à Hollywood. 10/20