Production indépendante, distribution Troma Film, titre improbable, casting d’inconnus, ça sent bon le truc étrange sorti de nulle part. Avec Troma, c’est souvent tout l’un ou tout l’autre, soit c’est carrément pourri, soit c’est très sympa (bon, jamais chef-d’oeuvresque non plus !). Ici, on est dans le très sympa. Cette série B du registre « Girl with Guns » s’avère franchement distrayante. D’abord, elle peut s’appuyer sur une Debra Sweaney vraiment très cool. C’est bizarre que cette actrice, par ailleurs très jolie, n’ait pas au moins fait une carrière chez Troma, car sans jouer admirablement bien, elle est pleine de punch, vraiment investie dans son personnage, et elle arrive à nous le rendre touchant. Elle déambule les 3 quarts du film habillée limite comme une mormone, et c’est très drôle, faut reconnaître ! En face d’elle, il y a une galerie de méchants cartoonesques et amusants, au milieu desquels surnage de façon improbable le lanceur de poids Brian Oldfield. Ce dernier joue clairement comme une patate, mais son physique et son look impressionnants l’impose comme un bon méchant de série B underground.
Ce casting tout à fait plaisant évolue dans un métrage court (80 mn) qui se résume à une sorte de Bip Bip et Vil Coyote dans le désert, sauf que Bip Bip c’est une jolie blonde et Vil Coyote une bande de trafiquants de drogue aux allures madmaxiennes. Le film est sans temps mort, ça court, ça crapahute, ça se tire dessus, ça se tabasse, c’est assez jouissif, faut le dire, d’autant que le film se veut clairement comique. Les morts sont rigolotes, il y a plein de scènes qui sentent clairement le cartoon, les dialogues sont ridicules, le final grandiloquent est loufoque… Le film est sans prétention et joue à fond la carte du divertissement, et ça fonctionne, en particulier grâce au réel investissement du casting qui prend un plaisir communicatif à ces cavalcades improbables.
Formellement, c’est fauché, mais le métrage a bien rusé pour faire illusion. Déjà, il choisit une zone désertique, ce qui permet d’éviter le côté cheap des décors. Ensuite, il limite son casting et fait en sorte de bien typer chaque personnage. Il y a un effort sur les costumes, l’aspect. Alors bien sûr, la photo est un peu moche, mais ça passe, c’est pas pire qu’une épisode de série télé de la même époque, et les effets sanglants (peu nombreux) sont kitsch, mais ça s’inscrit bien dans la dimension comique assumée du film. Il y a une grandiloquence rigolote donnée aux effets gores de la dernière partie. Par ailleurs, même si la réalisation n’est pas parfaite, elle reste tout de même très pro pour une production de ce genre et arrive assez bien à donner du peps aux scènes d’action, à soigner les plans les plus iconiques, et le résultat est finalement très réjouissant. La bande son, peut-être, aurait pu être mieux travaillée. Elle reste répétitive, assez envahissante et manque un peu de nervosité pour un film de ce type.
Néanmoins, They Call Me Macho Woman est un divertissement vraiment cool. Punchie, très bien emmené par ses acteurs, il remplit son cahier des charges avec la passion des petits artisans sans le sou. Oui, ce n’est pas un grand film d’action, mais avec ses moyens limités, il fait du très bon, sans aucune prétention autre que de contenter le spectateur déviant attiré par son titre improbable ! 4