"Genius" est à ajouter à la liste des nombreux biopics dont beaucoup de réalisateurs raffolent...
Ici ce sont deux personnalités interdépendantes qui sont à l'honneur : un écrivain et son éditeur... Le premier étant le fruit du deuxième jusqu'à... un certain point !
Ici, Thomas Wolfe et Maxwell Perkins en personne dans les années 1920 à 1930 !
Avec une mise en scène maniérée et académique, la première partie fait craindre le pire, à la fois longuette et un poil excessive, voire fatigante comme peut l'être Thomas Wolfe lui-même...
En effet, à vouloir installer ses deux héros, Michael Grandage finit par tenir un propos trop illustratif pour passionner de suite.
Puis, alors que l'écrivain rentre de France pour retrouver les États Unis, un tournant s'opère enfin...
Et là tout ce qu'avait voulu prouver, montrer de manière appuyée le réalisateur, semble couler de source, s'expliquer implicitement par un changement net et intéressant dans la relation entre les personnages.
Le film gagne alors en densité par le jeu beaucoup plus fort et limpide des acteurs qui donnent enfin une dimension psychologique très nette à celui ou à celle qu'ils interprètent.
C'est alors que la relation qui unit ces deux hommes prend son véritable sens, que le caractère de Thomas Wolfe, excessif, exubérant, égocentrique et manipulateur (Jude Law, au jeu un peu forcé !) transparaît vraiment dans ce besoin de séduire, ce qu'il va réussir avec cet éditeur en retrait (Colin Firth, impeccable et tout en réserve), qui va être charmé, impressionné par cette jeunesse, cet élan à vouloir brûler sa vie par tous les bouts, jusqu'à montrer à point nommé les limites de cette fascination...
En effet, c'est également là qu'intervient en tant que signal d'alarme et véritable électron libre, (Nicole Kidman) dont l'influence dans le duo masculin sera décisive en tant que barrière à ne pas franchir...
D'ailleurs il est à noter que les femmes, auront chacune à leur façon les paroles de bon sens quant aux valeurs essentielles que ces deux hommes de lettre auront tendance à oublier à travers leur passion de la langue et des mots...
Il n'empêche malgré quelques maladresses évidentes que les portraits des deux héros est plutôt bien brossé, et que surtout on reste suspendu à l'interaction entre les deux et à l'étude de son fonctionnement !
Quelques réflexions sur le rôle d'un éditeur face aux écrits d'un romancier resteront aussi en question pour cheminer doucement dans notre tête.
Au final un biopic de plus, mais intéressant dans ce qu'il tente de démontrer à propos du rapport humain, ici complexe et compliqué en terme de réussite, de reconnaissance et aussi par ce qu'il retire ou apporte à tous ceux qui gravitent autour !
Un poil trop classique et appuyé, sans doute, mais révélateur de vérités à méditer...