Sorti des brumes du cinéma japonais des années 70, "House" (ハウス, Hausu) de Nobuhiko Ōbayashi se présente comme une œuvre d'horreur à part, une épopée onirique et psychédélique où l'effroi rencontre l'absurde avec une grâce inattendue.
Ce film, qui narre les mésaventures de sept lycéennes dans une demeure hantée, est une montagne russe visuelle et narrative, balançant le spectateur entre le rire et la frayeur, souvent dans la même séquence. Le film se distingue par son mélange novateur de techniques cinématographiques – montage débridé, effets spéciaux bricolés, surimpressions surréalistes – qui dépeignent un monde où la logique est remplacée par l'effroi du subconscient.
Les performances sont à la fois enjouées et énergiques, chacune des actrices parvenant à imprimer son caractère unique malgré le rythme effréné des événements. Kimiko Ikegami, en tant que « Belle », offre une interprétation sincère qui ancre le récit dans une certaine réalité émotionnelle, même au milieu du chaos. Les personnages, avec leurs noms évocateurs comme Kung-Fu et Melody, sont autant de caricatures archétypales que Ōbayashi manipule avec un talent de marionnettiste.
Le travail du réalisateur sur la forme du film est tout aussi audacieux que son traitement du fond. "House" se veut un film d'horreur qui joue avec les attentes et brise la quatrième mur, offrant ainsi une réflexion méta sur le genre lui-même. C'est une satire, une comédie noire et un conte de fantômes tout en un, un produit de son époque qui défie toute catégorisation.
La partition musicale d'Asei Kobayashi et Mickie Yoshino parvient à la fois à soutenir l'étrangeté des images et à les transcender, créant une atmosphère qui est à la fois familière et déconcertante. Le montage de Nobuo Ogawa joue avec le rythme de manière presque musicale, et la photographie de Yoshitaka Sakamoto intensifie cette expérience déjà hallucinée.
Pour autant, "House" est loin d'être parfait. Sa narration peut sembler décousue, ses effets spéciaux, délibérément kitsch, peuvent aussi dérouter. Les normes du récit traditionnel sont contournées, ce qui peut laisser une impression de désordre ou d'inachèvement. Pourtant, ces éléments contribuent à la singulière signature de l'œuvre et à son charme indéniable.
"House" se révèle être un objet filmique unique, une perle du cinéma de genre qui a su traverser les décennies sans perdre de son impact. C'est un film qui ne plaira pas à tous, mais qui mérite d'être vu pour son audace créative et son influence durable sur l'horreur et la comédie. Ceux qui sont prêts à embarquer dans ce manoir hanté japonais découvrent une pièce maîtresse de l'inventivité, un témoignage de l'esprit libre et aventureux du cinéma.