Avec le dernier opus de l’époque, à savoir Godzilla’s Revenge, autant dire que la saga du gros lézard japonais en avait pris un sacré coup ! La franchise a beau avoir eu ses ratés (King Kong contre Godzilla notamment), jamais elle n’était descendue aussi bas que cela ! Du coup, la sortie d’un nouvel épisode se montrait vraiment indispensable pour effacer ce tâcheron de la longue liste des longs-métrages Godzilla. Et pour ce nouveau film, retour aux sources : notre dinosaure radioactif face à un ennemi de taille qui, comme ce dernier, provoque mort et destruction autour de lui. Encore faut-il que le duel soit à la hauteur des meilleurs opus de la saga !
Un étrange monstre, surnommé Hedorah né de la pollution, hante les eaux du Japon en attaquant les bateaux. Plus les jours passent, plus la créature grandit jusqu’à atteindre une taille gigantesque. À tel point qu’il devient capable de menacer les villes en déversant autour de lui des vapeurs toxiques, provoquant rapidement la mort des habitants. Face à un tel danger, l’armée reste impuissante, et devra donc compter sur l’intervention de Godzilla. Le seul qui semble, au final, en mesure de l’arrêter ! Un kaiju eiga classique en somme ! Qui propose un duel de monstres avec des humains ne sachant quoi faire (et ne servant strictement à rien) en guise de spectateurs. Mais c’était sans compter sur les quelques atouts que possède le scénario de Godzilla vs. Hedorah !
Premièrement, le peu d’importance accordée aux personnages humains. Le film nous propose un combat de monstres. Donc, nous nous fichons royalement des hommes ! Et ça, contrairement aux autres films de la saga, Godzilla vs. Hedorah l’a très bien compris ! Hormis une introduction qui nous permet de présenter la créature qu’est Hedorah, les humains ne sont ici que victimes. Les deux monstres étant la principale attraction, à tel point qu’au moins une bonne quarantaine de minutes leurs sont décernés, pour un combat qui dur (un peu trop) longtemps. Pour un kaiju eiga, c’est plutôt appréciable ! Même si, du coup, le manque de personnages principaux donnent un côté brouillon à l’ensemble (on passe d’une personne à une autre sans que l’on puisse les reconnaître ni comprendre le lien qui les unit).
Deuxièmement, Godzilla vs. Hedorah fait prendre à la saga un virage à 180°. Si par ses derniers films la franchise commençait à parler d’écologie (le nucléaire devenant obsolète, même pour les Japonais), ce long-métrage prend définitivement ce sujet d’actualité comme nouveau thème de la propre à la saga. Rien que par le choix du monstre Hedorah, sorte de tas d’immondices vivant né de la pollution engendrée par l’homme. Une humanité qui, accumulant les déchets, se retrouve menacée par ces derniers et finalement empoisonnée par ce qu’elle laisse pourrir au fil des années. Hedorah représente cela à lui tout seul, amenant une mort violente aux humains (il faut dire que rarement un film Godzilla s’était montré aussi visuellement violent, les personnages se décomposant en squelette une fois les gaz d’Hedorah inhalés – à moins que ce soit de l’acide ?). Et l’impuissance de ces derniers démontrent à quel point notre espèce ne peut rien faire face à la catastrophe sans précédent qu’elle est en train causer. Vous l’aurez compris : cela fait bien longtemps qu’un film Godzilla ne s’était pas montré aussi évocateur et moraliste que celui-ci (depuis le tout premier en fait !).
Mais du point de vue technique, cet opus a beau avoir été fait 17 ans après le film original, rien n’a vraiment changé. Pour les effets spéciaux, les figurants en costume, les maquettes réduites en guise de décors, les marionnettes pour certains plans, c’est toujours aussi visibles que depuis les débuts de la franchise. D’accord, une nette amélioration niveau qualité se remarque. Une évolution des effets visuels qui permet la réalisation de certaines scènes, jugées sans aucun doute infaisable pour les opus précédents (comme celle où Hedorah recouvre tout une route, avec les personnages qui descendent subitement de leurs voitures). Ce qui ne peut, malheureusement, pas caché le côté carton de pâte de l’ensemble.
Quoiqu’il en soit, Godzilla vs. Hedorah est une bien bonne surprise, qui fait oublier Godzilla’s Revenge et qui permet à la saga du gros lézard d’être relancée, via un rafraichissement bien mérité. Divertissant (même si le final traîne un peu en longueur) et porteur d’un message, cet opus reste sans nul doute l’un des plus aboutis de la franchise. Comme quoi, pas besoin d’une tonne de monstres à l’écran ou d’un passage par la science-fiction pour marquer l’esprit des fans !