Joseph Kahn, le réalisateur du (très) mauvais nanar Torque nous a concocté cette fois un petit film aux oignons, un ovni du cinéma comme on en voit peu souvent. Detention fait partie de ces films inclassables, tellement abracadabrantesques qu’ils dépassent la notion même de genre cinématographique. Sous ses airs d’univers teenager totalement barré, le film cache en vérité un scénario dont la trame est loin d’être décousue, et même plutôt étonnante pour un film de la sorte. Une lycéenne, souffre-douleur de son lycée, qui tente tant bien que mal de s’intégrer, se voit poursuivie par un assassin déguisé en Cendrillon psychopathe. Mais si la partie chtarbée du film s’arrêtait là, on aurait juste droit à un énième scream-like à la mords-moi-le-nœud habituel mais pour notre plus grand plaisir, ce n’est absolument pas le cas. « Notre plus grand plaisir », à moins d’être un fervent défenseur du cinéma académique, car si c’est votre cas, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin, ce film n’est probablement pas pour vous. En effet, le délire part dans les méandres de l’absurde, dans lesquels se côtoient comédie, horreur, fantastique et même science-fiction. Un savoureux mélange des genres qui arrive néanmoins à trouver sa place et à faire exulter le spectateur devant ce festival de non-sens, devant ces dialogues sans queue-ni-tête qui peuvent aisément dériver d’un sujet tel que l’évolution et les mouvances de la mode au fil des années à une théorie de la relativité, mais toujours dans un registre comique et c’est ça qui est génial car c’est du gros n’importe quoi et le réalisateur en joue, accentuant le ridicule des personnages. Et qu’on se le dise, car bien que Detention se perd souvent en frivolité, il n’en perd pas son charme pour autant, l’absurde caractérisant l’essence même de ce film. On prend même plaisir à s’immerger dans ce monde peuplé d’adolescents étranges qui dévoileront chacun à leur tour des anecdotes de leurs vies pour les moins cocasses. Autre point positif, la bande-son est tout simplement géniale, car on y retrouve la plupart des styles musicaux qui ont bercés notre enfance durant les années 90. On pourra sentir une petite influence Richard Kelly-esque, tant le film lorgne sur Donnie Darko (peut-être en moins bon tout de même) ou sur le plus méconnu Southand Tales du même réalisateur, surtout en ce qui concerne l’humour plus que déroutant de ce dernier. Ce qui est d’autant plus étonnant que Kahn n’a visiblement pas le même bagage que Kelly, mais qui pourtant, s’en est merveilleusement bien sorti dans cet exercice périlleux qu’est la réalisation d’un film aussi saugrenu. Le bougre n’hésite d’ailleurs pas à faire de l’autodérision en décriant son précédent long-métrage, preuve qu’il prend les critiques avec philosophie. Ceci dit, il est clair que tout le monde n’y trouvera pas son compte. Détention est à déconseiller aux spectateurs qui pourraient éventuellement faire une allergie aux comédies teenagers grandguignolesques.