Tout l'intérêt de ce film réside dans le personnage de Mario ; portrait dressé en 1h30 au milieu des événements historiques cruellement importants qui se jouent alors au Chili ( faut-il le rappeler l'année 73 marque la mort de Salvador Allende et la prise de pouvoir du dictateur Pinochet ) .. Ainsi Mario est un être profondément immobile, indifférent et d'une placidité parfois effrayante. Mêlé malgré lui à une réalité historique violente et mouvementé, son comportement demeure régulier en toutes circonstances.. Mario est l'homme qui vit à côté de tout, Mario n'a pas d'existence sociale et sentimentale, il est profondément seul, il se masturbe, il mange, il dort, il travaille. Dans ce sens, l'acteur est d'ailleurs merveilleux et incarne à la perfection son personnage, un espèce de débris vivant robotisé incapable d'éprouver autre chose que des jouissances biologiques.. Quelques scènes sont d'ailleurs révélatrice, toujours à la frontière entre réalité froide et humour noir cinglant ; - Lorsque Mario doit taper la rapport d'autopsie de Salvador Allende ; il n'y parvient pas et son échec prend alors une importance bien supérieure à la mort de l'homme politique. Ce décalage, cette dérision est quelque chose que l'on retrouve tout au long du film.. Malgré tout, il faut noter que Mario agit, bien plus par une indifférence poussée que par conviction certes, mais il agit et se montre 'humain' ( si le terme peut prendre le sens qu'on lui donne ) .. Il sauve un chien, il sauve un homme, il veut aider sa voisine.. La fin, extraordinairement symptomatique, est une sorte de résumé ; Mario entasse, Mario oublie, impavide et résigné, Mario n'a pas conscience du mal ou du bien. On le sent bien, il est né malgré lui, il vit malgré lui et ses actes ne sont pas ses actes, seulement ils ont leur influence propre qu'il n'est pas capable de percevoir. Cette porte qui se ferme n'ouvre aucun autre avenir, cette porte qui se ferme est associée à l'avenir de Mario. D'ailleurs se ferme t-elle ou refuse t-elle de s'ouvrir ?