Méfiez-vous des films dont les agents de publicité (et les gogos, mais ils ont souvent le même vocabulaire) vous disent qu’ils sont « d’une beauté stupéfiante », ou, mieux encore, « d’une beauté à couper le souffle ». Le plus souvent, c’est leur bêtise qui est suffocante. On ne va pas tarder à vous ressortir les mêmes fadaises à propos du petit dernier de Terrence Malick...
Mais il faut l’admettre : tout comme les Africains n’aiment que les films de kung-fu, et les Indiens, que les opérettes qui durent trois heures, avec un héros moustachu et grassouillet et une jeune première glapissant d’une voix stridente, les Chinois du continent apprécient surtout ces films où des ahuris se battent... en l’air, à coups de sabres, de fouets ou d’un tas d’objets coupants et pointus. Il paraît que Tsui Hark est LE grand maître de ce genre-là, tant mieux pour lui. Certes, il sait placer et déplacer sa caméra, mais je me permets de préférer les films de Taiwan, qui restent à hauteur d’homme, comme on le disait autrefois des films d’Howard Hawks.
En fait, le meilleur est dans ces décors gigantesques, évidemment réalisés à grands coups de numérique, mais non sans imagination. Lorsque, dès le début, on voit cette immense statue de Bouddha, on SAIT bien qu’elle n’est là que pour s’écrouler à la fin, comme celle de Dagon dans « Samson et Dalila », et c’est cela qu’on attend. Le malheur, c’est qu’il faut subir auparavant presque deux heures d’innombrables combats, dont un qui oppose le héros à... des cerfs, et, en prime, un autre, de kung-fu, qui se fait à cheval, mais hélas ne dure pas.
L’histoire : en 690, la régente Wu Ze Tian veut se faire couronner impératrice, d’où l’érection de la statue qui doit commémorer ce jour, mais un méchant caché dans l’ombre veut se venger d’elle, car elle a, naguère, fait couper la main à cet opposant. Il a donc prévu de saboter un pilier pour que le monument, en s’écroulant, tombe sur le palais et tue tout le monde ! En attendant ce grand moment de divertissement, il élimine tous ceux qui lui font obstacle grâce à des cloportes bourrés de phosphore (!), qui font prendre feu tous ceux qu’ils ont touchés. Mais la future impératice fait enquêter sur les meurtres ayant déjà eu lieu, et rappelle pour cela le célèbre juge et enquêteur Dee, qu’elle a aussi fait exiler. Naturellement, il va tout comprendre de la machination, découvrir le coupable qui est son ancien ami, et, en guise de récompense, va devenir le conseiller de l’impératrice et la guider sur la voie du Bien et du Beau.
J’avoue avoir un peu dormi durant les scènes d’action, mais on peut faire autre chose. Par exemple aller aux toilettes.