Avis sur Tragique rendez vous

On pourrait renommer ce film, Tragique Long Métrage, tant il n'y a pas grand chose à sauver.
Déjà la copie de ce dvd est en mauvaise état, bon, c'est un vieux film, pourquoi pas une rareté, donc, on pourrait y trouver son plaisir; mais rien ne fonctionne.
Déjà cette histoire, comment imaginer que Ava Gardner revienne dans un trou paumé pour retrouver son premier amour, joué par George Raft, qui n'a pas grand chose du beau jeune premier plein de charme et de charisme, donc on y croit pas. Et le reste de l'histoire, la rivalité entre deux hommes pour gagner le cœur de la belle, c'est éculé et ici, sans finesse ni relief. Il ne reste que la présence de Victor Mc Laglen second couteau toujours agréable à voir, et surtout, Ava Gardner, dans un premier film qui remporte toute l'attention, et qui se retrouvera très vite face à Burt Lancaster dans les tueurs, où, là on lui donnera un partenaire à la hauteur de son talent.

Un film de Leonid Moguy (1946) avec Ava Gardner, Georges Raft. Difficile de faire plus mauvais. Un couple sort d'un bistrot mais est encore là le plan suivant, une fille se retrouve à l'hôpital sans qu'on sache pourquoi, un hold-up n'a pas lieu mais a lieu quand même, bref on n'y comprend rien, ça n'a aucun intérêt et même Ava Gardner n'est pas mise en valeur.

Tout le monde connaît l'histoire d'Ava Gardner : issue d'un milieu pauvre, elle était en quête de travail à 18 ansl, un chercheur de talents de la MGM repère les photos d'elle que son beau-frère avait exposées à la vitrine de son studio sur la Vème avenue. Frappé par sa beauté irréelle, LB Mayer embauche cette jeune fille de 18 ans - elle ne sait rien faire mais elle est géniale. Pendant 5 ans, elle joue les utilités dans de petits films de la MGM et soudain explose dans Les Tueurs de Siodmak en 1946, marquant ce film de sa présence déjà mythique, auprès de Burt Lancaster et sur un scénario excellent signé John Huston-Richard Brooks.
Le film précédent dont elle n'était pas le premier rôle était raté : Whistle Stop 1946 (Leonid Moguy avec George Raft) car son scénario signé de l’énigmatique Phil Yordan (était-ce un prête-nom?) était resté gravement malade: plein de redites, de contradictions, de renversements de situations improbables, de scènes ratées, le film serait presque ennuyeux si la silhouette et le visage d'Ava Gardner, merveilleusement filmés par le grand Russel Metty, l’opérateur des sublimes mélos de Sirk - ne le transformait en un hommage à sa beauté. Certes elle n'a pas tout à fait perdu son accent à couper au couteau, qui dans ses débuts la rendait incompréhensible, mais elle maîtrise déjà sa propre aura et joue de sa séduction fabuleuse comme elle le fera toujours par la suite.
Indispensable à ceux qui aiment (mais existe-t-il des cinéphiles qui ne l'aiment pas ?) celle qui nous a enchanté dans Pandora (Lewin 51 avec James Mason); Les Neiges du Kilimandjaro (Henry King 52 avec Gregory Peck), Mogambo (Ford 53 avec Gable), La Comtesse aux Pieds nus (Mankiewicz avec Bogart 54) et peut-être surtout La Nuit de l'iguane (64, chef d'oeuvre génial de John Huston avec Burton, Déborah Kerr, Sue Lyon et l'acteur culte Cyril Delavanti).

PS : Comble de malchance il ne semble exister qu'une copie catastrophique de Whistle Stop, à peine visible.