Triloquist est un film assez bizarre, avec un réel charme, un réel style, et pourtant il dégage un sentiment de creux un peu surprenant.
Au niveau du casting c’est inégal. Paydin LoPachin livre une belle prestation, prenant son rôle « Bonnie and Clyde » au sérieux et lui apportant une réelle épaisseur. Elle dégage un vrai charme, elle a un charisme réel, et elle joue avec finesse malgré les excès réguliers de son personnage. Bravo. En revanche face à elle Rocky Marquette n’est pas terrible. Alors certes il a un rôle un peu ingrat, mais enfin il y a des passages de surjeu et de cabotinage agaçant, et son personnage est très moyen. Pour le reste je relève le jeu habile et agréable de Katie Chonacas, crédible, sobre et efficace dans son interprétation. A noter que si le film met en avant Brian Krause, sa présence tient ici plus de celle de la guest-star que du vrai rôle, puisque sa place est quand même nettement limitée.
Le scénario réserve de bonnes choses, et en même temps il n’accroche pas pleinement. Il promet un road-movie violent, dopé à l’humour noir, mais au bout du compte le spectacle est timoré. Le film n’est pas très riche coté violence justement, et il n’est pas non plus redoutable coté humour, étant en plus assez mou par moment et durant pourtant 1 heure 15. Néanmoins il y a de bonnes idées, la poupée a une présence importante et dans l’ensemble on sent la volonté de faire quelque chose de différent.
C’est surtout visuellement que Triloquist est bon. La mise en scène notamment est une belle réussite. Il y a des plans très réussis, des cadrages astucieux, des points de vue originaux (une scène par exemple est vu depuis l’intérieur de la bouche de la poupée !). Il y a aussi une séquence de meurtre très réussie, simple, violente qu’il pourra rappeler un passage de Looper. La photographie est elle aussi une franche réussite, avec surtout un travail courageux et bien foutu sur le noir et blanc lors de certaines séquences. Cela renforce d’ailleurs le coté « Bonnie and Clyde » du métrage, avec ce coté rétro appuyé. Il y a une évidente recherche artistique, et c’est sympathique, surtout dans une petite production de ce genre. Quant aux décors ils sont inférieur à ce à quoi je m’attendais évidemment, puisque je voyais un road-movie à travers l’Amérique, mais bon, c’est convenable (j’attendais plus aussi de Las Vegas évidemment). Pour le reste l’animation de la poupée est assez minimaliste (yeux, bouche), mais le design est réussi. Elle est franchement laide ! Il ne faut sinon pas s’attendre à des effets visuels sanglants. Il n’y a rien de ce point de vue, sauf un tout petit effet sur la fin mais franchement discret. En revanche excellente bande son, avec un générique déjà soigné, mais une musique dans le métrage qui s’avère de qualité, et donne une dimension assez classieuse au film.
Au bout du compte Triloquist est un métrage agréable. Toute petite production visiblement pas du tout connue chez nous, elle mérite une certaine attention à l’occasion, à condition de ne pas s’attendre à un vrai film d’horreur, dans la veine d’un Chucky par exemple. Techniquement aboutie en dépit de son budget, porté par une interprétation tenant la route globalement, l’histoire à des défauts certes, mais je lui accorde un 3.5 ma foi mérité.