Film d'auteur au sujet a priori intéressant et surtout d'actualité, bien que l'action se déroule en 1972, Noir Océan avait tout pour plaire : une fraîche brochette d'acteurs, une jolie bande-son et c'est indéniable, des images superbes. Il est donc triste de constater que le film s'éternise sur les doutes et les questionnements de deux jeunes matelots, notamment l'un d'entre eux, Moriaty, qui devient de plus en plus détestable à mesure que le film se poursuit. Les personnages manquent cruellement d'humanité : on n'éprouve aucune pitié pour ces matelots d'à peine 20 ans, qui passent leur temps à picoler, à fumer, à polluer (en jetant leurs mégots et leurs cannettes dans la mer), à traiter les animaux comme des sous-êtres (on brûle des crabes à vif, on maltraite son chien, on écrase les poissons contre des rochers, on fait mu-muse avec les pieuvres hors de l'eau)... Les personnages sont franchement antipatiques : comment avoir pitié pour Moriaty qui remet tout en question après avoir vu les essais nucléaires? On sait que le nucléaire, c'est moche pour l'humanité et pour la planète, et Moriaty le sait, alors pourquoi cette prise de conscience soudaine? Il savait à quoi il s'engageait dès le début. De plus, le film traîne en longueur, ne va nulle part : on est face à un film d'auteur qui, comme bien d'autres, se perd dans des séquences inutiles et soi-disant poétiques : on filme les mouettes, les vagues, la plage, le chien... Au final, un film sur des jeunes paumés qui ne savent même pas ce qu'ils font sur un bateau. Ca fait l'amour dès que ça touche terre, ça se bat à tout va, ça s'insulte et ça poursuit son petit bonhomme de chemin. Navrant.