Lorsqu’il réalise « Le Cheik Blanc » en 1952, Federico Fellini est un tout jeune homme, et est loin de posséder l’aura mythique qui l’accompagnera de « La Strada » jusqu’à la fin de sa carrière. Et pourtant ce film de jeunesse est déjà d’une étonnante maturité et préfigure avec plusieurs années d’avance l’âge d’or de la comédie italienne (« Le Pigeon » de Monicelli (1958) ou « Le Fanfaron » de Risi (1962)). Avant de se marier, un couple débarque à Rome car le jeune homme souhaite présenter sa promise, Wanda, à sa famille. La jeune femme utilise ce prétexte pour monter à la capitale et y rencontrer le Cheik Blanc, héros d’un roman-photo qu’elle adule. Parvenant aux studios – de belles parodies de la Cinecitta sont évidentes – Wanda se retrouve embarquée sur les lieux du tournage, à l’extérieur de la ville, alors que son futur époux la recherche désespérément, faisant croire à ses proches qu’elle est alitée. Wanda rencontrera son idole, vivra un début d’idylle avec lui, avant que tout ne rentre dans l’ordre et que, in extremis, la famille puisse se rendre au rendez-vous pris au Vatican afin que le Pape bénisse l’union de nos deux tourtereaux. Drôle, pertinent, provocateur, d’une acuité de mise en scène évidente… dès 1952, Fellini est un cinéaste immense !